Les déplaisirs de l'île enchantée
Durant l’année 1735, Haendel créa deux opéras inspirés de l’Orlando Furioso d’Arioste : Ariodante en janvier, et Alcina créé le 16 avril. Le livret d’Alcina constitue un remaniement anonyme de celui écrit par Antonio Fanzaglia pour l’opéra de Riccardo Broschi, L’isola di Alcina.
"Il n'y a pas d'endroit où se cacher chez Haendel" (R. Villazón)
Avec ce nouvel album, j’ai voulu me rapprocher de la musique du ténor baroque plutôt que d’en donner simplement l’interprétation d’un ténor lyrique.écrit Rolando Villazón dans les notes de programme qui précisent ensuite que Villazón a voulu entrer complètement – sur le plan musical, stylistique et philosophique – dans le monde de l’interprétation de la musique baroque sur instruments anciens..
Que d’eau, que d’eau !
On est toujours particulièrement exigeants avec les « tubes ». L’oreille, gorgée de références discographiques, de souvenirs de concerts, espère les délices d’une compagnie originale, personnelle, différente.
« Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui les applaudissements »(Racine, Britannicus, IV, 4)
Le marketing a parfois du bon. Car qui s’intéresserait réellement à un disque intitulé Regna Triumphalem à 12 voix et Missa super Dominis Regnavit à 16 voix ? Pourtant, il s’agit bien-là des deux compositions principales sur lesquelles se fonde cette reconstitution fastueuse du Couronnement de l’Archiduc Mathias, frère de Rodolphe II, en 1612.
“Que j’ay le jugement peu sain / De m’abîmer dans le dessein / D’élever au Ciel ta loüange: […] L’accident seroit trop étrange, / D’entendre qu’un Hibou loüat un Rossignol.” — L.-G. Brosse, Ode à Gantez.
Annibal Gantez. Voilà un nom qui a bien de quoi nous intriguer, soulevant sous notre crâne une tourbillon d’interrogations : d’abord, d’où vient-il ? D’Espagne, de Gascogne, de quelqu’autre endroit à peine exploré ? Mais surtout, qui est donc ce brave monsieur, auteur d’une messe pourtant imprimée chez Ballard, d’une autre chez Sanlecque, au nom si tonitruant et exotique?
L’Alchimie élisabétaine
Recueil manuscrit pour brocken consort, la formation musicale sans doute la plus répandue et populaire dans l’Angleterre élisabéthaine, les pages du Walsingham consort book présentent exceptionnellement les différentes parties instrumentales des morceaux…
Danse avec les fous
Peu de témoignages de musique instrumentale médiévale d’avant l’apparition de la polyphonie nous sont parvenus. En outre, le système de notation de l’époque, qui ne mentionne souvent que les hauteurs de sons mais non leur durée, laisse une très grande marge d’interprétation.
Splendide et insaisissable Blandine Rannou
Attention, chef-d’œuvre sacrilège ! Les pièces de viole d’Antoine Forqueray publiées, remaniées et complétées par son fils Jean-Baptiste Antoine sont bien connues des mélomanes. Paolo Pandolfo en a d’ailleurs livré une lecture aussi belle que rude, hélas épuisée, chez Glossa.
Imprononçable !
Saluons d’abord l’audace du label Etcetera, relativement peu connu en France, et qui a osé l’improbable parution d’un double CD avec fourreau, à la facture soignée et sobre, qu’orne le nom totalement imprononçable d’ Hieronymus Lauweryn van Watervliet (ca. 1505) (sic).
Le non divin Mozart
Les disques de pianoforte font rarement beaucoup de bruit, peut-être à l’instar de l’instrument qu’on y entend. Peut-être aussi parce que beaucoup d’interprètes n’ont pas choisi le pianoforte, mais ont seulement choisi l’instrument d’époque en une démarche louable, mais qui ne s’avère pas toujours musicalement intéressante.
Le miel de l'Abbaye…
Jamais autant une époque n’aura célébré l’art choral avec autant de flamboyance que le XVIIIe siècle. Il devient l’aboutissement ultime, d’un baroque cherchant toujours à s’élever en un mouvement perpétuel, là où la courbe se fait couleurs, nuances, pourpres et or. Les deux œuvres retenues dans cet enregistrement par Arsys Bourgogne en sont la démonstration.
Mozart brisé, Mozart martyrisé mais Mozart libéré !
Les concertos pour violon de Mozart… Cinq œuvres célébrées jusqu’à la trame, jouées, rejouées, rebattues jusqu’à la banalité et à l’indifférence. Et, en dépit de la jaquette du disque qui prétend que cette nouvelle interprétation sur instruments d’époque apporterait une nouvelle énergie et vitalité aux concertos…
Où Kirsten Flagstad sauve un enregistrement d’un naufrage certain…
En pleine époque baroque, le chevalier Glück accomplit la révolution musicale qui allait signer l’acte de mort de l’opéra traditionnel, bâti sur des arias da capo entrecoupées de récitatifs soutenus au clavecin, pour y substituer un continuo orchestral où alternent des airs solo et des ensembles.
Gouttes d’eau sur pierre glacée
Il y a d’abord la mirifique prise de son. Un son large, évocateur, fenêtre sur la lagune laissant s’engouffrer l’air frais d’un matin blême. Même en étant habitué aux excellentes captations de chez Alpha ou Alia Vox, on reste ébahi et admiratif par le savoir faire de Franck Jaffres et Alban Moraud qui concilie une vision globale naturelle et l’impression de se tenir à quelques mètres des musiciens.
« Jerusalem, Jerusalem convertere ad Dominum deum tuum »
Datant de 586 avant Jésus Christ, les Lamentations du Prophète Jérémie témoignent du désespoir d’Israël et de la désolation de la Ville Sainte après sa première destruction ; intégrées à l’Ancien Testament, elles constituent un élément essentiel de l’Office des Ténèbres célébré au cours du triduum sacrum de la Semaine Sainte.
La luxuriance du chœur
Grand oublié de l’histoire, Pierre Robert fut pourtant avec Henry du Mont celui qui porta durant la période la plus prospère du Règne de Louis XIV, le genre du grand motet à son accomplissement. Tout deux devinrent par semestre Sous-maîtres de la Chapelle Royale en 1663 et quittèrent leurs fonctions en raison de leurs réticences aux demandes d’évolution du Roi, en 1682 lors de l’installation officielle de la cour à Versailles.
Plaisante conversation
Après la superbe intégrale de Monsieur de Sainte-Colombe précédemment chroniquées sur ces pages, les Voix humaines se sont alliées à d’autres artistes pour nous permettre en cette fin d’année 2008 de découvrir et d’apprécier un instrument trop méconnu dans un répertoire particulièrement valorisant.
Tous les visages de l’amour
Patricia Petibon a choisi les airs chez trois compositeurs phares de l’ère classique– Haydn, Mozart et Gluck- esquissant douze personnages dont le fil commun, l’amour, s’exprime en une palette de sentiments et d’émotions, qui appellent un traitement vocal fin et nuancé.
Une ébouriffante latinité
Noël 2008. Le premier récital de Verónica Cangemi a su se hisser d’emblée loin au-dessus de la compilation virtuoses de tubes opératiques grâce à une sélection toute personnelle, qui regroupe nombres d’airs baroques italiens et de manière plus surprenante de la musique d’Amérique latine.