Rédigé par 19 h 16 min Actualités, Brèves

Le grand orgue de la Cathédrale de Nantes est parti en fumée

Nouvelle terrible, le grand orgue de la Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes a été ravagé par les flammes

On élèvera donc un bref cri de désespoir à l’idée que ce magnifique buffet des XVIIème et XVIIIème siècle, rescapé des méfaits révolutionnaires et des bombardements de 1943 et 44 ait finalement été anéanti en période “calme” et déconfinée… La question des efforts et du budget alloué à la restauration, l’entretien et la surveillance de nos cathédrales se pose avec une acuité sans pareille.

 

Grand orgue de la Cathédrale de Nantes en octobre 2016 – Source : Wikimedia Commons (détail)

Nouvelle terrible, samedi 18 juillet 2020, le grand orgue de la Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes a été ravagé par les flammes d’un incendie dont les causes n’ont pas encore été élucidées, mais où les pistes accidentelle (les 3 départs de feu correspondent aux endroits des armoires électriques) et criminelle semblent toute deux à l’étude.

On élèvera donc un bref cri de désespoir à l’idée que ce magnifique buffet des XVIIème et XVIIIème siècle, rescapé des méfaits révolutionnaires, des bombardements de 1943 et 44, d’un incendie – déjà – en 1972,  ait finalement été anéanti en période “calme” et déconfinée… La question des efforts et du budget alloué à la restauration, l’entretien et la surveillance de nos cathédrales se pose avec une acuité sans pareille, à l’heure où les milliards pleuvent sur les plans de relance aux priorités parfois douteuses. 

Mais foin de politique, ou même d’histoire de l’art (car les fragments de vitraux du XVIème siècle du vitrail central de la façade, qui occupaient les lancettes de gauche et de droite, et le centre ont également été perdus), et contentons-nous de déplorer ce vieil ami de 1619-1620, du facteur Jacques Girardet, qui sera étoffé peu à peu. L’orgue initial comportait 3 claviers, reposant sur la tribune en pierre blanche : un clavier de positif avec 49 notes, un clavier de grand-orgue également à 49 notes, et un clavier de pédales à 30 notes. Au XVIIIème siècle, il gagnera un «jeu de bombarde» en 1767 par Adrien Lépine, et et 1768 deux tourelles latérales avec 5 nouveaux jeux et… de superbes cariatides. Le magnifique buffet ouvragé, un peu lourd dans sa décoration ornée de rinceaux floraux, urnes à flammes, clochetons architecturés, boiseries, date des XVIIème et du Siècle des Lumières. Point de chérubins dans ce style à la fois riche mais un peu sévère, très vertical, encore influencé par la Renaissance.

Sur l’instrument lui-même, il sera entièrement ravalé par le célèbre François-Henri Clicquot, beau-frère de Lépine jusqu’en 1785, allant jusqu’à  49 jeux sur 6 claviers. D’autres restaurations auront lieu, en 1866, par Merklin-Schutze, puis par Beuchet-Debierre, à la fois en 1933 et en 1955, après la guerre…

On lira dans la presse le désarroi de l’organiste titulaire, et l’on ne peut qu’espérer que l’instrument renaîtra de ses cendres, et pourquoi pas dans son état Clicquot pré-révolutionnaire…

M.B.

En savoir plus : consulter un excellent site consacré à l’histoire de la Cathédrale de Nantes, ainsi que la page Wikipedia qui contient un descriptif détaillé de l’orgue disparu.

Étiquettes : , Dernière modification: 20 juillet 2020
Fermer