Rédigé par 12 h 26 min Patrimoine, Vagabondages

Le bois soleil (Vinsobres, Drôme provençale)

Il existe dans la Drôme un petit village célèbre pour ses croquets (des biscuits durs) et pour sa vigne. Après la révocation de l’Edit de Nantes, la petite église dite d’en haut devient trop petite face à l’afflux de réformés convertis. On n’en construit donc une nouvelle dès 1685 au centre du village, aux frais des nouveaux convertis… Mais entrons dans cet édifice simple et vaste. Dès le portail franchi, on se trouve face a un remarquable lustre de bois de tilleul doré XVIIème siècle.

Où il est fait mention des dragonnades de Monsieur de Louvois, et d’un remarquable lustre dont on ne sait pas grand-chose

L’Eglise de la Nativité à Vinsobres © Muse Baroque, août 2020

Vinsobres, bourg réformé
Il existe dans la Drôme un petit village, célèbre pour ses croquets (des biscuits durs) et pour sa vigne. En 970 quelques religieuses du Prieuré de Nyons s’installèrent là-bas. La communauté rejoint la France en 1349 lors du rattachement du Dauphiné. Plus tard, lors des temps troublés des guerres de religion, la place est un bastion huguenot, le Duc de Mayenne la mentionne comme place forte huguenote à démanteler dans sa liste de 32 bourgs en 1581. Les protestants et catholiques du lieu s’entendent alors afin de ne pas exécuter complètement l’ordonnance et préserver leur paix civile. Mais Vinsobres fut l’objet de nombreuses intimidations catholiques : les troupes y “passent” très souvent entre 1528 et 1556 ; les remparts sont rasés en 1633. Avant même le funeste Edit de Fontainebleau, de violentes dragonnades s’y déroulent en 1572 et 1578-79. En 1683 le temple est détruit, le pasteur fuit à Genève et la répression est impitoyable. Les réformés se réunissent clandestinement à la Combe des Cornuds, ceux qui n’ont pas émigrés finissent par se convertir.

Lustre en bois-doré de l’Eglise de la Nativité à Vinsobres, restauré en 2000 © Muse Baroque, août 2020

 

Une nouvelle église après la révocation et… son lustre
Après la révocation de l’Edit de Nantes, la petite église dite “d’en haut” devient trop petite face à l’afflux de réformés convertis. On en construit donc une nouvelle dès 1685 au centre du village, aux frais des nouveaux convertis…

Cette Eglise de la Nativité sera inaugurée en 1710. Toutefois l’évêque, par prudence, ne fit célébrer le culte qu’en 1712 et elle ne fut consacrée qu’en 1730. 

Mais entrons dans cet édifice simple et vaste. Dès le portail franchi, on se trouve face a un remarquable lustre de bois de tilleul doré XVIIème siècle. La pièce est imposante, sans doute l’œuvre d’un artisan local, la partie supérieure est dotée d’un soleil rayonnant au visage un peu naïf, qui laisse entendre que l’objet a été réalisé sous le règne du Roi Soleil. Pourvu de nombreux bras de lumières, le lustre est dépourvu de toute décoration liturgique religieuse, ce qui peut laisser penser qu’il s’agit à l’origine d’une pièce destiné à un noble logis, et dont on a fait don au nouvel édifice religieux. Ce lustre de bois doré est d’autant plus rare, on en trouve plus souvent en cristal. Plus généralement, peu d’exemplaires de ce type ont été conservés jusqu’à nous, probablement en raison de la fragilité du matériau.

Enfin, clin d’œil de l’histoire, l’église d’en haut originelle, ancien prieuré catholique remontant du XIIème siècle, redevint en 1806 grâce au Concordat un temple protestant après plus d’un siècle d’inactivité.

M.B. 

Étiquettes : , Dernière modification: 8 août 2020
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