Nous le connaissons tous, ce vieil ami, englouti par la fureur des flots, brisé dans son envol, sa voûte décharnée offerte aux regards avides des caméras. Ses tourments auront été son triomphe, sa souffrance source de célébrité. Car qui du Pont Fabricius de la Ville éternelle ou de son cousin vaisonnien a acquis la plus grande renommée ? Pour les Français, celui-ci sans nul doute, emporté par les inondations terribles de 1992, et restauré avec délicatesse (les restaurateurs en ont d’ailleurs profité pour gommé quelques bidouillages XIXème plus ou moins heureux et ont réutilisé des pierres provenant des carrières antiques de Baumont-du-Ventoux).
Le monument n’en était d’ailleurs pas à son premier lifting, puisqu’à la suite de la crue du 15 août 1516, on avait déjà reconstruit les parapets en appareil de petits moellons… Classé dès 1840, re-restauré 2 ans plus tard en remettant des pierres en grand appareil, agressé en 44 par la Wehrmacht en déroute, l’ouvrage d’art, avec sa portée d’arc de 17,2 m n’en finit pas d’entendre raisonner sur sa chaussée – désormais sans dos d’âne – les pas des visiteurs et les vrombissements des moteurs, au pied de la vieille cité surplombé par le château venteux des Comtes de Toulouse.
V.L.N.
Étiquettes : architecture Dernière modification: 30 décembre 2013