Les pédales sur terre et la tête dans les étoiles
Ach, Teufel, voici Bach au piano. On tempête, on s’émeut, on réclame l’orgue et le clavecin à cor et à cri. Mais le cor se bouche et le cri s’éteint devant l’interprétation profonde d’Edna Stern qui sait extraire de son piano anonyme (le facteur n’est pas précisé) un son d’une intense plénitude sonore qui n’a d’égale que la cohésion programmatique des pièces et l’enchaînement bien pensé des tonalités.
De l’art du Madrigal, au féminin
Formée par les soins de Francesco Cavalli, Barbara Strozzi grandit en la république de Venise et prit part dès sa jeunesse à l’activité musicale de la cité. Son père, Giulio Strozzi, fut un des poètes les plus apprécié de son temps – Monteverdi lui commanda deux livrets d’opéra – et fonda en 1637 une académie rattachée à la plus célèbre Accademia degli Incogniti.
Que l’encens et les jeux rendent hommage à la déesse !
Derrière le titre de Dom Quichotte (orthographié à la française) donné à cet enregistrement se cache un programme hétéroclite et unifié par deux caractéristiques : le français et le comique…
Mendelssohn serait content
Le livret évoquait l’intime dialogue musical entre soliste et ensemble dans ces concertos pour clavecin que l’Accademia Bizantina a gravé chez Decca. L’ensemble, qui se produisait il y a quelques jours en concert s’était avéré peu convaincant chez Bach et excellent chez Vivaldi.
“Qual alto concento d’angelico accento consiglia a gioir?”
Parmi ses nombreuses cantates, Alessandro Stradella semble n’en avoir signé que deux pour la Nativité, qui sont réunis sur ce disque d’une rare délicatesse : non pas une délicatesse morbide et superficielle, mais une délicatesse tendre et suave, qui enveloppe tout l’enregistrement.
Sons et lumières
Le titre est joliment choisi, la jaquette superbe, puisqu’on reconnaît Les Musiciens du Caravage, exposé au Met de New York. Pourtant, cette sélection de sonates, madrigaux ou canzoni porte mal son nom puisqu’on y trouvera plus de lumière que d’ombre, plus de couleurs que d’obscurité.
Québec, je me souviens
Non, la Virginie n’a jamais été française, et ce disque ne chante pas les louanges de l’état aujourd’hui américain baptisé en l’honneur de la reine Elisabeth première — la Virginie du titre étant simplement une belle à laquelle un marin fait ses adieux dans une des pistes de l’album.
“…ainsi éviteras-tu qu’à la disgrâce s’ajoute le sarcasme” (attribué au Cardinal Mazarin)
Le Moyen-âge reste pour la plupart le reflet distant d’une époque obscure et lointaine, peuplée de dragons cracheurs de feu, de châteaux forts balayés de courants d’air et de moines tonsurés. Vêtus d’une grosse bure, on se les imagine penchés durant toute la journée sur de vieux manuscrits qu’ils recopient pieusement afin d’en assurer la perpétuation.
Terriblement classique…
Par-delà une jaquette bleue où l’esprit s’imagine la baie de Naples, le premier volet de la trilogie que Claudio Abbado consacre à Pergolesi (dont on célèbrera en 2010 le 300ème anniversaire de la naissance) constitue un mystère. Mystère que cette lecture infiniment classicisante, d’une perfection lisse, d’une tenue élégante et insaisissable et où les solistes sont exemplaires, ce qui est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un enregistrement de concert. Et pourtant, mystère aussi que le peu d’attrait qu’exerce le Stabat Mater trop équilibré de ce disque .
Tarantelles, Gagaku, Kabuki, istanpite et berceuses…
Prévenus par la rédaction en chef au début du mois qu’en choisissant de s’intéresser à Mediterranea, nous ne serions pas confrontés à une musique qui nous était familière, nous avons témérairement fait fi des avertissements. Et en effet, dès les premières notes de ce nouvel enregistrement d’Alla Francesca, nos oreilles intriguées ont été très surprises.
Une âme caressante
De cet enregistrement, l’on retiendra une vision éminemment personnelle, un souffle langoureux et sensuel. Loin de la clarté et de l’aisance mélodique un peu précieuse de ces pièces, Josetxu Obregón privilégie le frottement moelleux des cordes, usant et abusant des positions basses…
Suites et fin
Nous avions déjà évoqué le mois dernier le génie indescriptible du Kantor, et combien il était difficile de l’appréhender pour le mieux faire apparaître, et ce mois-ci, force nous est de le constater à nouveau. Tout le monde s’est toujours emparé de ses suites pour violoncelle seul, des interprètes les plus baroques (Bylsma, Ter Linden, Cocset, Pandolfo…) aux plus modernes…
Il n’en fait qu’au quintette
Europa Galante nous propose pour la troisième fois de goûter au lyrisme sensuel de Boccherini, compositeur virtuose et prolixe que l’on apprend peu à peu à découvrir et à apprécier. Au service de l’Infant d’Espagne Don Luis, frère cadet de Charles III, il composa plus de 170 œuvres, intégrant trios, quatuors et sextuors à cordes à une perpétuelle production de quintettes.
La richesse d'une serenata
Après la Didon et Enée du même tandem Hogwood / Mac Gregor (DVD Opus Arte), voici un autre opéré, haendélien cette fois-ci. Opéra, pastorale ou serenata ? Acis and Galatea dans sa version de 1718 (à ne pas confondre avec Aci, Galatea e Polifemo de 1708, chanté en italien, ni avec la reprise de 1732, mélange de la précédente avec la version de 1718, donc chantée en deux langues !) a tour à tour bénéficié des trois appellations.
Contemplatif et ciselé
Voici réunis dans un même coffret deux enregistrements sans doute conçus séparément (ce que semblent indiquer les deux dates de réalisation). Pourtant, le rapprochement de cet obscur Sebastiani et de Schütz est sans doute justifié : le sujet est le même – le cycle christique –, la période, commune, et le style proche.
Judith, es-tu là ?
Alessandro Scarlatti a composé deux oratorios sous le même titre La Giuditta : un premier, dont le manuscrit autoritaire est conservé au Conservatoire San Pietro a Majella de Naples, à cinq voix, datant probablement de 1693, et un second en 1697, à trois voix, dont le manuscrit est conservé à la Rowe Music Library du King’s College de Cambridge. Le premier avait notamment été enregistré avec élégance par Le Parlement de Musique en 2005 (Ambronay Editions), voici donc venir de Nice le second.
Balade sur la mer salée
Voilà un disque qui rappelle la collection Les Chants de la Terre de chez Alpha, un disque où l’auditeur oublie rapidement la distance temporelle avec ces chansons du XIIème siècle pour se concentrer sur les rythmes entraînants et les paysages qui défilent.
“Doch wer hört ihre Stimme nicht ?” (Psaume 19)
Voici un programme intime et relativement délaissé que nous proposent Sébastien Amadieu et Hervé Lamy avec la redécouverte de quelques-uns des 300 Lieder Sacrés de CPE Bach, publiés dans les recueils de 1758, 1774 et 1780. Les notes de programme de Sylvie Le Moël, riches et concises retracent ainsi l’évolution du genre du Lied en ces temps d’Empfindsamkeit.
"Enfin un disque de musique pour luth !"
.. s’écriait votre valeureux serviteur, qui n’attendait que cela depuis des lustres fort longs, à l’annonce des critiques à se partager en début du mois. Inutile de préciser sa hâte, ni son empressement lorsqu’il le reçut quelques jours plus tard, le gavant tout aussi net à son non moins valeureux iPod®, pour se précipiter dans une écoute presque frénétique…
