« C’est l’âme qui doit jouer. » (C.P.E. Bach, Trios Sonatas, Les Ambassadeurs, Kossenko – Alpha)
L’année 2014 aurait pu être consacrée à Carl Philipp Emmanuel Bach qui, dans l’ignorance quasi-générale, a soufflé sa trois-centième bougie. Le label Alpha lui rend cependant un bel hommage en publiant plusieurs de ses Sonates en trio pour violon, flûte et clavecin, accompagnées de concertos pour flûte enregistrés antérieurement.
Festival international de musique ancienne de Lanvellec et du Trégor (week-end du 17/10/2014)
En conclusion d’un week-end plus que réussi on se doit de constater que, à l’exception de quelques déceptions ou surprises mineures et qui sont le lot de n’importe quel concert du simple fait de la diversité des goûts qui peuplent la Terre, tout les concerts auxquels nous avons assistés furent un enchantement tant par les artistes, le répertoire ou encore le cadre, choisi sur mesure de chacun des programmes. Tout ceci ne peut qu’être porté au crédit du Festival de Lanvellec qui prouve une fois de plus la qualité de sa programmation.
Harke, harke! Lyra Violls Humors and Delights (Captain Tobias Hume, Les Basses Réunies – Alpha)
On ne sait rien, certes, de Tobias Hume, ou presque, prétendre donc le cerner est vain. Mais la série d’indices qu’il nous glisse dans sa prose tant verbale que musicale, son orthographe intéressante (même pour l’époque), sa bravacherie, sa mélancolie, son humour, sa sauvagerie, son élan, son invention ainsi sa palette d’humeurs changeantes, nous en dit beaucoup plus que tous les biographies que l’on pourrait lui inventer.
Un nouvel horizon ? (Vivaldi, Pieta, Jaroussky, Ensemble Artaserse – Erato)
La voix de contre-ténor suscite bien des questions. Elle peut émouvoir et troubler mais elle peut aussi heurter et surprendre. Voix fascinante par excellence, elle entretient ou fait entretenir dans l’esprit humain le mystère et surtout les fantasmes…
Rameau & Mondonville (Les Passions – Festival baroque de Pontoise, 19/10/2014)
Ce dimanche 19 octobre, en clôture de la 29ème édition, l’ensemble Les Passions, au meilleur de leur forme, sous la direction de Jean-Marc Andrieu a offert au public venu nombreux dans la belle cathédrale Saint-Maclou qui couronne la ville, un programme de musique sacrée d’une haute tenue consacré aux Grands Motets versaillais de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772).
Un chef-d’œuvre en devenir (Hasse, Siroe, Re di Persia, Armonia Atenea, Petrou – Decca)
Après le succès de la tournée Rokoko aboutie par l’enregistrement du même nom, Max Emanuel Cencic se tourne à nouveau vers le maître incontesté de l’opera seria Johann Adolf Hasse (1699-1783), le Cher Saxon. Ce compositeur plus que prolifique, puisqu’il n’écrit pas moins de 56 opéras interprétés par les plus grands chanteurs de l’époque, de Farinelli à Faustina Bordoni, qu’il épousa.
Wiener Blut ! (Caldara, La Concordia dei’Pianeti, La Cetra, Andrea Marcon – Archiv)
Capté en live à Dortmund, cette Azione Teatrale en un acte de Pietro Pariati, mise en musique par Antonio Caldara, sanctionne l’entrée du grand Vénitien dans l’immortalité. En effet avec cette recréation et première mondiale au disque, Archiv/Deutsche Grammophon prend un risque splendide et fait par la même occasion un joli pied de nez à l’innommable lieu commun de la crise du disque classique.
Sous le signe de la tragédie (Rameau, Castor & Pollux, Le Concert d’Astrée, Haïm – Lille, 17/10/2014)
Cette année musicale placée sous le signe du 250ème anniversaire de Rameau a suscité plusieurs productions de son Castor et Pollux, généralement à partir de la seconde version (1754) plus aboutie que celle de 1737. Nous avions chroniqué il y a quelques mois une fort honorable version de concert donnée à Bordeaux par Raphaël Pichon.
L’envers du succès (Rameau, Grands Motets, Les Arts Florissants – Cité de la musique, 02/10/2014)
Dans le domaine friand de fraîcheur et de rareté qu’est celui de la musique ancienne, rares sont les programmes que l’on peut qualifier de grands classiques. C’est pourtant bien ce dont nous fûmes témoins ce soir là. En effet, Les Arts Florissants, ensemble de référence par excellence, sous la houlette de son chef de toujours William Christie, reprenait un programme de Grands Motets de Mondonville et Rameau…
Rameau au Temple de la Gloire (Les Agréments, van Waas – Versailles, 14/10/2014)
En ce frisquet mardi soir d’Octrobre renaissait, sous les ors parmi les plus illustres du monde une œuvre pour le moins injustement méconnue, fruit de la collaboration fertile de deux esprits des plus féconds, pour le premier de la philosophie et de la littérature, pour le second de la musique et de la théorie musicale.
« La vengeance flatte la gloire ; Mais ne console pas l’Amour. » (Rameau, Castor & Pollux, Concert Spirituel, Niquet – TCE, 17/10/2014)
Au terme de cette année Rameau, c’est avec Castor & Pollux qu’Hervé Niquet initie son propre hommage au grand compositeur, hommage qui se poursuivra en novembre par le Gala Rameau. Tragédie éminemment guerrière, dépourvue dans sa version de 1754 de l’usuel prologue politique, elle recèle toute l’exubérance mélodique de Rameau, et déploie dans ses harmonies ce qu’Hervé Niquet n’hésite pas à appeler le summum de l’abstraction.
Fulgurant testament (Les Boréades, Les Musiciens du Louvre, Minkowski – Versailles, 05/10/2014)
Compositeur qui s’est consacré tardivement à l’opéra, Rameau a toujours attaché un soin particulier à l’orchestre. Les nombreux intermèdes dansés de la tragédie lyrique lui ont fourni de brillantes occasions de donner aux instruments leur pleine mesure, tandis que les passages chantés tissent une savante composition entre les moyens de la voix et ceux des musiciens.
« Immortal Bach » – Le Concert de l’Hostel Dieu – Lyon, 30/09/2014)
Au cœur de la Presqu’île lyonnaise, la basilique de Saint Martin d’Ainay demeure une des plus belles traces de l’art roman dans la cité …. Sa pierre doucement rosée encadre un chœur tapissé de mosaïques au caractère byzantin, qui se prolonge en voûtes rondes et propres à faire résonner la musique. Mais pas n’importe quelle musique. Etrangement, c’est celle composée au siècle dernier qui fut portée par Le Concert de l’Hostel Dieu de la manière la plus touchante.
Célébrations ! Festival d’Ambronay (week-end du 27/09/2014)
Le troisième et avant-dernier week-end du Festival d’Ambronay fit honneur au thème choisi comme fil de conduite pour la programmation 2014 : Célébrations. Célébration inhérente aux œuvres religieuses comme l’est le Dixit Dominus de Haendel, interprété avec fougue et liesse par les Ghislieri Choir & Consort. Célébration aussi de la jeunesse, avec l’Aura Rilucente, jeune ensemble en résidence au Centre culturel de rencontre.
A la recherche du fil d’Ariane (Canti d’amor, Monteverdi, Athénée-Louis Jouvet, 26/09/2014)
Les musiciens de l’Ensemble du Muziektheater Transparant livrent, sous la baguette de Nicolas Achten, une interprétation sensible des jeux amoureux. Ils respectent les voix, et après un début parfois hésitant, trouvent une unité qui rend avec justesse la pureté des madrigaux.
Caprices… de trublions (A due Cembali, Aline Zylberajch & Martin Gester – K617)
Il est de ces artistes qui s’essaient avec complaisance à une originalité exarcerbée dans les projets qu’ils proposent et dans ce domaine, Aline Zylberajch et Martin Gester, clavecinistes et trublions chevronnés de profession n’en sont pas à leur coup d’essai.
La magie de la technique …(Cantate Deo, Marco Beasley, Guido Morini, Accordone – Alpha)
Marco Beasley et Guido Morini marquent ici un événement « atypique », particulier sur le plan musical. Grâce à la technique dite du réenregistrement, le ténor Marco Beasley interprète seul les parties vocales, en principe chantées à deux voix distinctes. Cette technique a été notamment utilisée en musique classique par Aldo Ciccolini dans sa première intégrale des œuvres pour piano à 4 mains d’Erik Satie.