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Hommage - 23 Novembre 2011

Le chant de la Sibylle

Jordi Savall & Montserrat Figueras © David Ignaszewski

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"Ce n'est pas parce que les autres sont morts que notre affection pour eux s'affaiblit, c'est parce que nous mourrons nous-mêmes."  (Marcel Proust)

La Sybille nous a abandonnés. A 69 ans, une voix s’est évanouie, happée par les Ténèbres et les Ombres, franchissant le Styx avec sa douceur discrète. Et nous voici confus et troublés, à l’idée d’affronter l’exercice redouté de l’éloge funèbre, de remplir le vide qu’elle nous a laissé par des caractères typographiques convenus, nous laissant aller au narcissisme du style, de l’élan déploratoire exalté. On consulte ses notes, qui sont autant de souvenirs d’une incroyable aventure humaine : la rencontre à Barcelone avec Jordi Savall au sein d’Ars Musicae, leur mariage en 1968, la fondation commune et complice d’Hespèrion XX, de la Capella Real de Catalunya, du Concert des Nations, pour finalement écarter cette litanie factuelle, et retenir avant tout de la soprano catalane une vision et une voix.

Montserrat Figueras - D.R.

Une vision. Celle de l’échange, du partage, du métissage, de la découverte et du dialogue entre les musiques et les cultures méditerranéennes. Celle où le langage musical constitue une main tendue, où derrière l’évanescence des notes se blottissent les solides piles de ponts jetés entre les rives, par delà les vicissitudes de l’Histoire et les chocs des civilisations.

Une voix. Un timbre reconnaissable entre mille, mélancolique et poignant, un souffle venu d’ailleurs, des limbes de la mémoire, qui renvoie l’auditeur à une humanité fragile et souriante, avec ses blessures, ses meurtrissures, ses soulagements et ses joies. Concentré de vie, des plaintes médiévales aux madrigaux montéverdiens, ce chant de la Sybille, d’une profondeur insoupçonnée, savait faire naître en chacun de nous l’étincelle généreuse de la conscience et du rêve.

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

 

M.B.

 

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