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20 janvier 2014

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Un réveillon avec Montéclair

 

Un compositeur bien mystérieux

Qui se souvient encore de Michel Pignolet de Montéclair, dont le nom semble juste exister afin de réveiller des convives endormis autour d'un gigot de réveillon. " Pignolet kirsch ? Montéclair au chocolat ? " s'esclaffent bruyamment vos [ex-] amis, alors que vous mentionnez religieusement le nom du compositeur qui influença tant Rameau et son Hyppolite & Aricie. Qu'importe ! Qu'ils rient et continuent de s'empiffrer en se précipitant sur le dessert, alors que retentit de façon presque incongrue la trompette naturelle annonçant l'arrivée de l'arche sainte, lors du premier acte de Jephté...

Qui est donc Montéclair ? Aucun portrait n'a été recensé ou identifié à ce jour et il nous faut donc imaginer l'apparence de cet homme, né à Andelot dans le Nord-Ouest de la France, fils de tisserand. Imaginez un svelte garçon mélancolique ou au contraire un petit gros joufflu. A neuf ans , Michel Pignolet, n'ayant pas encore accolé le nom de la forteresse de sa ville natale à son patronyme, entre dans la maîtrise de la Cathédrale de Langres. Jean-Baptiste Moreau (1656-1733) sera son maître. 

La Cathédrale de Langres, l'orgue.

En 1687, nous le retrouvons à Paris, comme joueur de basse de violon dans l'orchestre de l'Académie Royale de musique. Quelques années plus tard (manière détournée d'avouer mon ignorance sur la date et ce qui s'est passé entre-temps), il accompagne le Prince de Vaudémont en Italie, en qualité de maître de musique.

C'est sous ces cieux ensoleillés que le Montéclair succombe à la tentation. Il y découvre une maîtresse aux courbes voluptueuses, dont la voix grave et profonde le séduit. Il ne peut se résoudre à s'en séparer et la ramène à Paris, en 1700. Elle sera la première contrebasse à apparaître dans les rangs de l'Académie.

Maître de musique apprécié, Montéclair a l'honneur de l'éducation musicale des filles de François Couperin Le Grand (1668-1733), organiste de la Chapelle Royale. Il publie des ouvrages sur l'art d'apprendre la musique (1709), ouvre une boutique en 1731, se retire de l'enseignement en 1735 et s'éteint deux années plus tard.

Il laisse derrière lui des contrebasses éplorées, des pièces en trio et des Concerts pour flûte et basse continue. Du côté de la musique vocale, des motets, des cantates françaises telles La Mort de Didon et surtout deux opéras les Fêtes de l'Été et Jephté (1732) témoignent de son association audacieuse du coloris des timbres et de l'utilisation de modes rares. Jephté, seconde tragédie biblique de la musique baroque française (après David & Jonathas de Charpentier), marqua profondément Rameau et Le Mercure François en fera des éloges dithyrambiques. Pourtant, la partition de ce chef-d'œuvre sera remaniée trois fois, devant les foudres de l'archevêché de Paris.

Vos invités s'endorment ou regardent tristement leurs assiettes vides. Certains jouent avec les miettes du délicieux gâteau au chocolat, que vous n'avez d'ailleurs pas goûté, emporté dans votre élan monteclairien. Visiblement, il faut réagir, et vite, avant que la soirée se transforme en camomille-scrabble-tragédie lyrique. A regret, il est donc temps d'abandonner Jephté à ses tristes serments et de trouver une programmation musicale plus dansante et plus électrique.

Mais, entre nous, à quand l'enregistrement des Fêtes de l'Été où des cors doivent jouer derrière la scène pour simuler une chasse qui s'avance ?

 

                                                                                                V.L.N.

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