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mise à jour 20 janvier 2014
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Les duels de Bach & Haendel
Dresde 1717. Jean-Sébastien Bach s'apprête à faire mordre la poussière à un Français. Il attend son adversaire, son épée d'argent au côté, celle-là même qu'il léguera à l'un de ses fils. Les heures s'écoulent, l'autre ne vient pas. L'assemblée, impatiente et déçue, décide de s'enquérir du Lyonnais. On va à son auberge. Il l'a précipitamment quittée le matin de la confrontation. Bach est victorieux, sans avoir livré de combat. L'épisode est - semble t-il - véridique et a été rapporté par Johann Nikolaus Forkel d'après le nécrologe de Bach. On sait que le futur Cantor était d'un tempérament assez fougueux durant sa jeunesse et qu'il n'hésita pas à tirer l'épée à Eisenach contre des élèves qui voulaient le bâtonner... En revanche, le duel de Dresde n'aurait jamais pu être sanglant : Bach devait en effet y rencontrer Louis Marchand (1669-1732), le célèbre claveciniste français rival de François Couperin, et les deux compositeurs devaient s'armer de leurs clavecins. En effet, en 1717, Jean-Baptiste Volumier, maître de concert à Dresde eu l'idée d'une joute entre Bach et Marchand, tous deux étant de passage dans la cité. Bach accepta le défi et envoya une lettre à Marchand, lui offrant d'improviser sur n'importe quel thème de son choix. Ce dernier accepta mais, le jour venu, fit ses bagages et disparut... L'idée de joute musicale n'est pas si extraordinaire à l'époque: La Biographie Universelle des Musiciens de Fétis et le New Grove Dictionary parlent d'un cas d'opéra commun composé à trois mains par Bononcini, Haendel et Ariosti, chacun composant un acte. Nous savons aussi de façon plus certaine qu'en 1709, le cardinal-mécène Pietro Ottoboni (1667-1740) organisa une "rencontre" entre Domenico Scarlatti et Haendel. L'Italien fut jugé meilleur claveciniste, le Saxon meilleur organiste... Enfin il est difficile de résister à l'envie de parler d'un autre duel entre deux compositeurs : Mattheson (plus connu comme théoricien critique d'ailleurs) et Haendel. Le 5 décembre 1704, les deux amis tirent l'épée devant le Gänsemarkt à propos d'une vétille. En effet, Mattheson avait coutume de chanter dans son propre opéra (la Cleopatra). A la disparition de son personnage, il prenait la relève de Haendel au clavecin. Cette fois-là, ce dernier refusa de céder le place et le ton monta rapidement entre nos deux larrons. Haendel échappera de peu au fer acéré de son compatriote qui relate l'incident mieux que quiconque dans son Grundlage einer Ehren-Pforte woran der Tüchtigsten Capellmeister, Componisten, Musikgelehrten, Tonkünstler und LEBEN, WERKE, VERDIENSTE, erscheinen sollen publié à Hambourg en 1740 : «Le 5 décembre de cette année-là (1704), lors d’une représentation de Cleopatra, mon troisième opéra, avec Haendel au clavecin, il se produisit un incident – classique chez les jeunes écervelés qui courent à toutes jambes après les honneurs. Je dirigeais ma propre œuvre tout en interprétant Antonius, qui se donne la mort une bonne demi-heure avant la fin du spectacle. J’avais coutume, une fois cette action accomplie, de rejoindre l’orchestre pour accompagner moi-même le reste de la partition : qui d’autre que l’auteur est mieux placé pour le faire ? Mais cette fois, j’en fus empêché. À la sortie de l’Opéra, entraînés par quelques excités, nous en sommes venus aux armes en place publique, devant une foule de badauds. Le duel aurait pu avoir une issue fort malheureuse pour nous deux si, par la grâce de Dieu, la lame de mon fleuret, en touchant mon adversaire, ne se fût brisée sur un large bouton métallique de sa veste. » La musique adoucit-elle donc vraiment les moeurs ?
V.L.N.
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