Philippe de Champaigne (1602-1674), Louis
XIII à la Victoire. Musée du Louvre, Paris.
Alors qu'Olivier Schneebeli avait saisi
cet évènement comme point de départ pour son enregistrement d'œuvres de Nicolas
Formé dédiées au culte marial pour la chapelle royale (Alpha) et que le Collège
des Bernardins a décidé de dédier à la Vierge son premier Festival de Musique
Baroque, il n'est pas inintéressant de livrer à nos lecteurs le texte complet de
la fameuse déclaration royale plus connue sous le nom du "Voeu de Louis XIII".
C'est en effet le 10 février 1638, que
le Roi place solennellement le royaume de France sous la protection de la Vierge
Marie, pour la remercier de la grossesse de son épouse Anne d'Autriche après 20
ans de mariage. Le Roi exigea que la Mère de Dieu soit célébrée avec pompe dans
tous les évêchés de France chaque 15 août, fête de l’Assomption.
M.B.

Louis, par la Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre
A
tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut.
Dieu
qui élève les Rois au trône de leur Grandeur, non content de nous avoir
donné l'Esprit qu'il départ à tous les Princes de la terre pour la conduite
de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et
de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de Notre
Règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de Sa Bonté, que d'accidents
qui nous pouvaient perdre.
Lorsque nous sommes entré au Gouvernement de cette Couronne, la faiblesse de
notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la
tranquillité ; mais cette Main divine soutint avec tant de force la Justice
de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces
pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des Hommes et la
malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins
dangereuses pour notre Couronne que préjudiciables au repos de Notre Maison,
il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.
La
rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait
d'autre but que de partager Notre Autorité, il s'est servi de nous pour en
abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses Saints Autels en
tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des
succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre
l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de
leurs Etats dont ils avaient été dépouillés.
Si
les plus grandes forces des ennemis de cette Couronne, se sont ralliées pour
conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à
toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le
conserve et sa puissance le défend.
Tant
de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance,
sans attendre la Paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous
les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les
fruits aux ¨Peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous
prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois
personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la Sacrée Croix, où nous
vénérons l'accomplissement des Mystères de notre Rédemption par la vie et la
mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la Grandeur de Dieu
par son Fils rabaissé jusqu'à nous, et à ce Fils par sa mère élevée jusqu'à
lui ; en la Protection de laquelle nous mettons particulièrement notre
Personne, notre Etat, notre Couronne et tous nos Sujets pour obtenir par ce
moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la Cour
céleste par son Autorité et Exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour
présenter nos offrandes à la Pureté même, nous croyons que celles qui ont
été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien
raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos
Actions de grâces.
A
ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la Très sainte et
Très glorieuse Vierge pour Protectrice spéciale de notre Royaume, nous lui
consacrons particulièrement notre Personne, notre Etat, notre Couronne et
nos Sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une Sainte conduite et de
défendre avec tant de soin ce Royaume contre l'effort de tous ses ennemis,
que, soit qu'il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la
paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des
voies de la Grâce qui conduisent à celles de la Gloire. Et afin que la
postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument
et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous
ferons construire de nouveau le grand Autel de la Cathédrale de Paris avec
une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils
descendu de la Croix, et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de
la Mère comme leur offrant notre Couronne et notre Sceptre.
Nous
admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que
tous les ans le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration
de notre présente Déclaration à la grand'messe qui se dira en son église
cathédrale, et qu'après les Vespres du dit jour, il soit fait une procession
en la dite église à laquelle assisteront toutes les Compagnies souveraines
et le Corps de Ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux
Processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être
fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la
dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit
Diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume et
néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même Solennité en leurs
églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu'à la
dite Cérémonie les Cours de Parlement et autres Compagnies souveraines et
les principaux Officiers de la Ville y soient présents ; et d'autant qu'il y
a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons
les dits Archevêques et Evêques en ce cas de lui dédier la principale
chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d'y élever
un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester
tous nos Peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer
en ce jour Protection afin que sous une si puissante patronne notre
royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il
jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si
saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel
est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil
six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.
signé : LOUIS