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6 janvier 2014

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Les
Sonnets
accompagnant les
Quatre Saisons de Vivaldi

Nicolas
Poussin, L'Eté (c. 1660), Musée du Louvre, Paris. D.R.
Les célèbres Quatre Saisons (Le quattro stagioni)
d'Antonio Vivaldi (1678-1741) constituent un cycle à part entière, contenu dans
le recueil de l’opus 8 Il cimento dell'armonia e dell'invenzione, édité
en 1725 à Amsterdam par Michel Le Cène. Ces concertos pour violon et orchestre
n°1 à 4 sont descriptifs, usant de nombreux effets tendant à imiter le champ des
oiseaux, le murmure du vent ou de l'onde, les aboiements d'un chien ou encore le
son de la musette.
Dès l'origine, ces concertos furent accompagnés de quatre
sonnets attribués à Vivaldi que nous livrons ici. Ils permettent une lecture
plus compréhensible de l'œuvre, mouvement par mouvement.
Télécharger la partition : Vivaldi,
Les Quatre Saisons, concertos
n°1 à 4 pour violon et orchestre opus 8 + sonnets [1,71 Mo]

Concerto n° 1 en mi majeur,
op. 8, RV 269, « La primavera » (Le Printemps)
Allegro
Giunt'è la Primavera e festosetti
La salutan gl'augei con lieto canto,
E i fonti allo Spirar de'zeffiretti
Con dolce mormorio Scorrono intanto;
Vengon' coprendo l'aer di nero amanto
E Lampi, e tuoni ad annunziarla eletti
Indi tacendo questi, gli Augelletti;
Tornan di nuovo al lor canoro incanto:
Largo
E quindi sul fiorito ameno prato
Al caro mormorio di fronde e piante
Dorme 'l Caprar col fido can a lato.
Allegro
Di pastoral Zampogna al suon festante
Danzan Ninfe e Pastor nel tetto amato
Di primavera all'apparir brillante. |
Allegro
Voici le Printemps,
Que les oiseaux saluent d'un chant joyeux.
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs,
Jaillissent en un doux murmure.
Ils viennent, couvrant l'air d'un manteau noir,
Le tonnerre et l'éclair messagers de l'orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons
Reprennent leur chant mélodieux.
Largo
Et sur le pré fleuri et tendre,
Au doux murmure du feuillage et des herbes,
Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds.
Allegro
Au son festif de la musette
Dansent les nymphes et les bergers,
Sous le brillant firmament du printemps. |
Concerto n° 2 en sol mineur,
op. 8, RV 315, « L'estate » (L'Été)
Allegro non
molto - Allegro
Sotto dura Staggion dal Sole accesa
Langue l'huom, langue 'l gregge, ed arde il Pino;
Scioglie il Cucco la Voce, e tosto intesa
Canta la Tortorella e 'l gardelino.
Zeffiro dolce Spira, mà contesa
Muove Borea improviso al Suo vicino;
E piange il Pastorel, perche sospesa
Teme fiera borasca, e 'l suo destino;
Adagio - Presto - Adagio
Toglie alle membra lasse il Suo riposo
Il timore de' Lampi, e tuoni fieri
E de mosche, e mossoni il Stuol furioso!
Presto
Ah che pur troppo i Suo timor Son veri
Tuona e fulmina il Ciel e grandioso
Tronca il capo alle Spiche e a' grani alteri. |
Allegro non
molto - Allegro
Sous la dure saison écrasée de soleil,
Homme et troupeaux se languissent, et s'embrase le pin.
Le coucou se fait entendre, et bientôt d'une seule voix,
Chantent la Tourterelle et le Chardonneret.
Zéphyr souffle doucement, mais, tout à coup,
Borée s'agite et cherche querelle à son voisin.
Le pâtre s'afflige, car il craint
L'orage furieux, et son destin.
Adagio - Presto - Adagio
À ses membres las, le repos est refusé :
La crainte des éclairs et le fier tonnerre,
Et l'essaim furieux des mouches et des taons.
Presto
Ah, ses craintes n'étaient que trop vraies,
Le ciel tonne et fulmine et la grêle
Coupe les têtes des épis et des tiges. |
Concerto n° 3 en fa majeur,
op. 8, RV 293, « L'autunno » (L'Automne)
Allegro
Celebra il Vilanel con balli e Canti
Del felice raccolto il bel piacere
E del liquor de Bacco accesi tanti
Finiscono col Sonno il lor godere.
Adagio molto
Fa ch'ogn'uno tralasci e balli e canti
L' aria che temperata dà piacere,
E la Staggion ch' invita tanti e tanti
D' un dolcissimo Sonno al bel godere.
Allegro
I cacciator alla nov'alba à caccia
Con corni, Schioppi, e canni escono fuore
Fugge la belua, e Seguono la traccia;
Già Sbigottita, e lassa al gran rumore
De' Schioppi e canni, ferita minaccia
Languida di fuggir, mà oppressa muore. |
Allegro
Par des chants et par des danses,
Le paysan célèbre l'heureuse récolte
el la liqueur de Bacchus
Conclut la joie par le sommeil.
Adagio molto
Chacun délaisse chants et danses :
L'air est léger à plaisir,
Et la saison invite
Au plaisir d'un doux sommeil.
Allegro
Le chasseur part pour la chasse à l'aube,
Avec les cors, les fusils et les chiens.
La bête fuit, et ils la suivent à la trace.
Déjà emplie de frayeur, fatiguée par le fracas des armes
Et des chiens, elle tente de fuir,
Exténuée, mais meurt sous les coups. |
Concerto n° 4 en fa mineur,
op. 8, RV 297, « L'inverno » (L'Hiver)
Allegro non
molto
Aggiacciato tremar trà nevi algenti
Al Severo Spirar d'orrido Vento,
Correr battendo i piedi ogni momento;
E pel Soverchio gel batter i denti;
Largo
Passar al foco i di quieti e contenti
Mentre la pioggia fuor bagna ben cento
Allegro
Caminar Sopra 'l giaccio, e à passo lento
Per timor di cader gersene intenti;
Gir forte Sdruzziolar, cader a terra
Di nuove ir Sopra 'l giaccio e correr forte
Sin ch'il giaccio si rompe, e si disserra;
Sentir uscir dalle ferrate porte
Sirocco Borea, e tutti i Venti in guerra
Quest'è 'l verno, ma tal, che gioja apporte. |
Allegro non
molto
Trembler violemment dans la neige étincelante,
au souffle rude d'un vent terrible,
Courir, taper des pieds à tout moment
Et, dans l'excessive froidure, claquer des dents;
Largo
Passer auprès du feu des jours calmes et contents,
Alors que la pluie, dehors, verse à torrents;
Allegro
Marcher sur la glace, à pas lents,
De peur de tomber, contourner,
Marcher bravement, tomber à terre,
Se relever sur la glace et courir vite
Avant que la glace se rompe et se disloque.
Sentir passer, à travers la porte ferrée,
Sirocco et Borée, et tous les Vents en guerre.
Ainsi est l'hiver, mais, tel qu'il est, il apporte ses joies. |
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