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6 janvier 2014

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Sonnets sur Lully

 Quelques piques du temps de la disgrâce du Florentin (1685)

 

Jean-Baptiste Lully - D.R.

Francisé ou non, le Surintendant n'abandonna pas ses "mœurs italiennes". En 1685, alors que le Roi, sous l'influence de Madame de Maintenon, s'éloigne des tragédies en musique (Amadis ne fut représenté qu'une seule fois à la Cour, sans décors ni machines, dans la Grande Ecurie, en mars 1685, tandis que Roland n'y fut représenté que 8 fois de janvier à mars, au lieu des "3 fois par semaine" initialement prévues d'après le marquis de Sourches.

En effet, c'est à cette époque qu'éclate le scabreux scandale Brunet, du nom du page de Lully. Ce dernier faisait partie des quatre pages de la Musique de la Chambre qui se joignaient parfois aux chœurs d'œuvres importantes. L'on sait la complicité qui unissait Lully à ce garçon, qui continua, après sa mue de chanter des partie de dessus, notamment lors de concerts intimes où Lully l'accompagnait au clavecin. La liaison fut rapportée au Roi et ne dut pas le surprendre, tant les mœurs du Florentin étaient connues de longue date. Mais les temps ont désormais changé depuis la mort de la douce Marie-Thérèse, comme le rappelle La Bruyère avec son habituel mordant : "Le courtisan autrefois avait ses cheveux, étaient en chausses et en pourpoint, portait de larges canons, et il était libertin. Cela ne sied plus: il porte une perruque, l'habit serré, le bas uni, et il est dévot (...)." (Les Caractères, I6 (I)).

Aussi, le 17 janvier 1685, le Roi ordonne que celui qu'on surnommait le "Petit Brunet" soit conduit par un exempt de la Prévôté de l'Hôtel (M. de la Pommeraye) à la Maison de Saint-Lazare. Il y fut brutalement châtié par les prêtres de la mission, qui lui prodiguèrent de nombreux coups de fouets, toujours d'après les sources contemporaines. Le Page accusa de nombreux autres seigneurs de la Cour, redoublant l'ire royale.

C'est à cette occasion que fleurirent diverses chansonnettes et sonnets anonymes, d'un style et d'un goût plus ou moins douteux. En voici quelques-uns.

M.B.

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SONNETS SUR LULLY

(transmis à l'Abbé Gondi, Secrétaire d'Etat de Toscane

par Henry-Baud de Sainte-Frique le 7 février 1785)

 

Par quelle cruauté, par quel ordre barbare

Me vient-on enlever l'objet de mon amour ?

Faut-il le voir partir sans espoir de retour

Et souffrir que Brunet soit mis à Saint-Lazare ?

 

Puisque ainsi contre moi les destin se déclare,

Je veux quitter le monde et me cacher au jour,

Et ne m'empressant plus à divertir la Cour,

Je saurai m'éloigner et fuir qui nous sépare.

 

Ah, grand Roi, si jamais secondant tes désirs,

J'ai trouvé le secret d'augmenter tes plaisirs,

Ne me refuse pas la grâce que j'implore.

 

En me rendant Brunet, fais cesser mon ennui

Ou si tu ne veux pas qu'on le délivre encore,

Du moins daigne ordonner qu'on m'enferme avec lui

 

***

 

 

CHANSONS

 

Baptiste est fils d'une meunière

Il ne saurait nous le nier.

Il ne chevauche qu'en meunier,

Toujours sur le derrière.

 

***

 

Jean-Baptiste est bien affligé

De voir son Brunet fustigé.

Il est jaloux du frère,

Eh bien,

Qui fouette son derrière,

Vous m'entendez bien.

 

(...)

 

Baptiste a mis en désarroi

Tous les secrétaires du Roi *

Qui voyant que leur noblesse,

Eh bien,

En a dedans les fesses,

Vous m'entendez bien.

 

***

 

 

* Lully avait été non sans mal nommé à cette charge en 1681 qui avait donné l'occasion à M. de Louvois de sortir son célèbre bon mot "Bonjour, mon confrère".

 

Op. cit. in Jérôme de La Gorce, Jean-Baptiste Lully, Fayard, 2002.

 

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