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6 janvier 2014

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"Si reppresentò la favola..." :

quelques lettres autour de la création de l'Orfeo de Monteverdi

(1607)

 

Bernardo Strozzi, Portrait de Claudio Monteverdi (1640) - D.R

L'Orfeo de Monteverdi fut commandé par le Prince Francesco Gonzaga, héritier de Vincenzo Gonzaga, Duc de Mantoue. en l'honneur de ses  noces avec Marguerite de Savoie, qui n'intervinrent qu'en 1608.  La première représentation eu lieu le 24 février 1607, vraisemblablement dans une camere lunghe des appartements de la Princesse de Ferrare, sœur du Duc, comme tend à l'indiquer la lettre de l'officier de cour Carlo Magno (cf. ci-dessous). Le théâtre du Palais avait brûlé en 1586 et ne fut reconstruit qu’en 1608 mais l'œuvre aurait pu voir le jour dans le cadre plus grandiose de la Galleria dei Fiumi ou de la Galleria degli Specchi comme on l'a longtemps cru. Peut-être cela d'explique t-il par le caractère intimiste et élitiste de cette création qui s'inscrivait dans le cadre de l’Academia degli Invaghiti, association de lettrés dont le Prince était le protecteur.

Devant le succès de l'œuvre, une seconde représentation eu lieu le 1er mars, pour les dames de la cour. Lors de ces deux représentations (suivie peut-être d'une troisième), le livret d'Alessandro Striggio fut imprimé et distribué sous le titre "LA FABLE D’ORFEO, représentée en musique lors du carnaval de l’an 1607 à l’Academia degli Invaghiti de Mantoue, sous les heureux auspices de son Altesse Sérénissime et Bienveillant Protecteur Seigneur Duc. À Mantoue par Francesco Ossana, éditeur ducal." Il est à noter qu'il comporte une fin différente de celle des éditions vénitiennes de la partition exceptionnellement imprimée (chez Ricciardo Amadino, en 1609 et 1615) où la favola s'achève sur une Bacchanale dionysiaque.

M.B.

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23 Février 1607

 

LETTRE DE CARLO MAGNO, OFFICIER DE COUR, A SON FRERE GIOVANNI A ROME

 

"Hieri fu recitata la Comedia... Hier on a représenté une Comédie sur la scène de notre Théâtre avec la splendeur coutumière. Demain soir, son Altesse Sérénissime le Prince en fera réciter une autre dans une salle des appartements de Son Altesse Sérénissime Madame de Ferrare. Ce spectacle sera inhabituel puisque les acteurs diront leurs parties en musique. On pense que ce sera un grand succès. Nul doute que ma curiosité m'incite à y assister, à moins que je n'y sois empêché par l'exigüité de la salle."

***

 

 

1er Mars 1607

 

LETTRE DE SON ALTESSE SERENISSIME LE PRINCE FRANCESCO GONZAGA

A SON FRERE FERDINANDO A PISE

 

"Si rappresentò la favola con tanto gusto... La Fable a été représentée pour le plus grand plaisir de chacun des spectateurs, si bien que Monseigneur le Duc, qui y assistait comme il a assisté à plusieurs répétitions, a ordonné qu'on la représente de nouveau. Il en sera fait ainsi aujourd'hui en la présence de toutes les dames de la ville. Pour cette raison, Giovanni Gualberto [Magli] [NdlR : jeune et célèbre castrat florentin au service du Grand-Duc de Toscane que Francesco Gonzaga lui "emprunta" pour l'Orfeo] prolonge son séjour ici : il a très bien interprété sa partie, et a réjoui par sa manière de chanter tous les spectateurs, spécialement Madame."

***

 

 

22 Août 1607

 

LETTRE DE DOM CHERUBINO FERRARI, ECCLESIASTIQUE, A SON ALTESSE SERENISSIME LE DUC VINCENZO GONZAGA A MANTOUE

 

 

"Il Monteverdi è qua in Milano... Monteverdi se trouve à Milan et loge chez moi ; chaque jour nous parlons de Votre Altesse et rivalisons en louanges pour célébrer vos qualités, votre courage et vos manières royales. Il m’a montré les vers et fait entendre la musique de la fable que Votre Altesse a fait représenter ; tant le Poète que le Musicien ont si bien dépeint les passions de l’âme qu’il n’est pas possible de faire mieux. La Poésie est belle dans son invention, encore plus belle dans sa disposition, excellente dans l’élocution ; on ne pouvait s’attendre à moins d’un bel esprit comme M. Striggio. Quant à la Musique, tout en respectant ses convenances, elle sert si bien la Poésie, qu’on ne pourrait en attendre de meilleure."

 

 

***

Sources :

L'Avant-Scène Opéra n°207. Lettres traduites de l'italien par Elisabetta Soldini, d'après Ian Fenlon, "The Mantouan Orfeo" in. J. Whenham, Orfeo, Cambridge, 1986, pp. 8-11.

Philippe Beaussant, Le Chant d’Orphée selon Monteverdi, Fayard, 2002, p. 53.

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