Haendel - Privilège royal (1720)

Le 27 avril 1720, Radamisto triomphe sur la scène londonienne. Le roi lui-même, de même que le Prince de Galles assistent à la première, et l'ouvrage sera repris à 9 reprise dans la saison. Après avoir souffert de son inexpérience en matière de droit d'auteur lors de l'édition de Rinaldo, dont les profits furent accaparés par l'éditeur Walsch, Haendel décide de réagir et de s'assurer un minimum de protection juridique. Il demande et obtient les garanties offertes par la Loi de 1709 sur le droit d'Auteur, qui sera tout de même d'une efficacité toute relative à prévenir les éditions pirates. Haendel passera ainsi son temps à contrer les "éditions non autorisées et incorrectes" par la contre-publication d'éditions "officielles" qu'il prétendra exactes et enrichies (ce qui n'est pas toujours le cas, Haendel ou ses éditeurs associés se contentant parfois de reprendre les cuivres de l'édition pirates et de changer la page de titre !). On trouvera ci-dessous la texte du décret royal d'après la traduction de Jean-François Labie (George Frederic Haendel, Robert Laffont, 1981) que nous avons légèrement adaptée.

M.B.

George R.

George, par la Grâce de Dieu, Roy de Grande-Bretagne, France & Irlande, Défenseur de la Foy, Duc de Brunswick et Lüneburg, Archi-Trésorier et Prince Electeur du Saint Empire romain germanique, &c. A tous concernés par les présentes, salut : Considérant que George Frederic Handel, de notre Cité de Londres, Gentleman, nous a humblement représenté qu'à grands peines et dépenses il avoit composé plusieurs œuvres consistant en musique vocale et instrumentale, propre à estre imprimées & publiées ; qu'il Nous a en conséquence mandé de lui accordé Notre Privilège & Royale Licence afin qu'il soit seul imprimeur et éditeur d'icelle pour une durée de quatorze années.

Nous, dans notre désir d'encourager des œuvres du même genre, avons gracieusement donné Notre consentement à sa requête ; en foy de quoy accordons par les présentes, dans les limites des règlements établis pour le bon ordre de ces questions, au-dit George Frederic Handel, à ses successeurs, représentants, ou à toute personne à qui il en fera transmission, Notre Permission d'être seul imprimeur ou éditeur desdites œuvres, et ce pour une durée de quatorze ans, à compter de ce jour, interdisant solennellement à tous nos loyaux Sujets, dans tous Royaumes & Possessions, de reproduire celles-ci ou de les abréger, soit en limitant, soit en les introduisant dans quelque ouvrage ou livres que ce soit, d'importer, acheter, vendre, faire crier ou distribuer des copies réalisées hors du Royaume, sans le consentement ou l'approbation dudit George Frederic Handel, de ses héritiers , successeurs ou ayant-droits, leurs signatures et sceaux ayant été obtenus précédemment, car toute transgression mettrait en péril son auteur.

En conséquence, les Commissaires et autres Officiers de nos Douanes, le Gouverneur, les Directeurs et la Corporation des Libraires, doivent prendre note et rendre obéissance à notre Plaisir tel qu'ici exprimé.

Donné en notre Palais de Saint-James, le 14 de Juin de l'An 1720, en la sixième Année de notre Règne.

Par ordre de Sa Majesté,

James Craggs (Secrétaire d'Etat)