Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

6 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

 

Philippe Quinault (1635-1688),

un grand auteur dramatique ?

Philippe Quinault. D.R.

Si Lully a acquis de son vivant même une renommée bien méritée, le nom de son fidèle complice et ami Philippe Quinault est aujourd'hui retombé dans l'oubli. Tout au plus se souvient-on qu'il s'agit du poète mirliton, librettiste du Surintendant. Et quand il s'agit d'en citer des extraits, tout au plus parvient t-on laborieusement à réciter "A quoi bon tant de raison dans le bel âge / A quoi bon tant de raison hors de saison" (Alceste).

Pourtant, au faîte de sa gloire, ce fils de boulanger, valet d'un valet de Chambre du Roi qui le pensionna (Tristan l'Hermite) était considéré comme l'égal de Racine. Parmi ses 30 pièces de théâtre figurent toutes les tragédies lyriques de Lully (Achille et Polyxène n'est qu'une pastorale, au livret médiocre de Campistron). La longue amitié qui le lia au Surintendant en fit un collaborateur de premier plan : sans les vers "sur mesure" de Quinault, la tragédie en musique n'aurait pas eu le succès qu'elle a eu, elle qui repose tant sur l'intrigue. Lully lui-même s'intéressait fort à la diction théâtrale pour le rythme de ses récitatifs. En 1670, Quinault obtint son siège à l'Académie des Inscriptions, devint Auditeur à la Cour des Comptes l'année suivante (il était également avocat depuis 1655, date de la publication de sa première pièce Les Rivales). Ce fut lui qui eu l'honneur d'haranguer le Roi sur ces victorieuses campagnes en 1675 et 1677, et de prononcer l'éloge funèbre du grand Colbert.

Selon ses contemporains, Quinault était d'un caractère aimable et d'un esprit particulièrement délié, caractéristiques qui se reflètent dans son œuvre. Celle-ci souffre aujourd'hui des mêmes critiques que celles que lui adressaient Boileau ou Chapelain à l'époque :

« Quinault est un poète sans fond et sans art, mais d’un beau naturel, qui touche bien les tendresses amoureuses. » (Chapelain, 1662).

Si ces reproches sont en partie justifiés, il faut bien garder à l'esprit que les livrets de tragédies lyriques ne sont pas conçus à la manière des pièces de théâtre : destinées à être chantés et mis en scène avec force machinerie, ils ne peuvent prétendre à l'alignement d'alexandrins classiques, ni à la règle des trois unités. Les nombreuses ariettes strophiques nécessitent des textes faciles, de même que les grands chœurs qui martèlent sans relâche quelques vers sur une dizaine de mesures. Le répertoire des rimes est limité, et se confine souvent à des mots précieux ou galants, qui laissent l'auditoire deviner naturellement la fin des vers sans même avoir à tendre l'oreille. Malgré ces contraintes fortes, Quinault se montre particulièrement inspiré de tant à autre, comme dans le célèbre monologue d'Armide. Et l'on ne peut que regretter qu'il n'ait pas persévéré dans la veine comique où il excellait (cf. La Mère Coquette de 1664), ou qu'il n'ait pas eu l'occasion d'écrire une belle pièce historique destinée uniquement au théâtre.

La relecture de Quinault permettra de réapprécier le talent d'un auteur qui se lit avec plaisir et facilité, et qui, s'il ne fut pas grand seul, contribua plus que tout autre librettiste à la création d'un genre nouveau et hybride, la tragédie-lyrique. Pour comparaison, il suffit de déplorer la faiblesse des livrets de ses successeurs, qui plongera ce genre dans le déclin au détriment des décoratifs opéras-ballets. Gluck ne s'y trompa pas, lorsqu'il reprit pratiquement intégralement le livret d'Armide pour le remettre en musique plus d'un demi-siècle plus tard...

                                                                                                                                                                            V.L.N.

On trouvera l'intégralité de ses œuvres au format pdf ci-dessous, dans une édition d'époque de la Bibliothèque Nationale.

horizontal rule

Philippe Quinault, Le théâtre de Mr Quinault contenant ses tragédies, comédies et opéras (1715).

Les tragédies lyriques sont signalées par une astérisque.

Note : Dernière édition, augmentée de sa vie [par G. Boffrand], d'une dissertation sur ses ouvrages et de l'origine de l'opéra. Cote Gallica BNF : NUMM-73858.

Tome 1 (23,4 Mo) : les Rivales, la généreuse Ingratitude, l'Amant indiscret, la Comédie sans Comédie, la Mort de Cyrus.

Tome 2 (13,8 Mo) : le Mariage de Cambise, Stratonice, les Coups de l'Amour et de la Fortune, le feint Alcibiade, Amalasonte, le Fantôme amoureux.

Tome 3 (11,3 Mo) : Agrippa ou le faux Tiberinus, Astrate, la Mère coquette ou les Amans brouillez, Bellophéron, Pausanias.

Tome 4 (8,23 Mo) : Les Fêtes de l'Amour et de Bacchus, Cadmus*, Alceste*, Thésée*, Atys*, Isis*. 

Tome 5 (12,7 Mo): Proserpine*, Le Triomphe de l'Amour, Persée*, Phaëton*, Amadis*, Roland*, Le Temple de la Paix, Armide*. 
 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014