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20 janvier 2014

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Genre : récital

Antonio VIVALDI (1678-1741)

"Prima Donna"

Airs pour contralto extraits de nombreux opéras et oratorios dont Judita Triomphans, Arsilda Regina di Ponto, Tieteberga, Il Giustino, L’ Olimpiade, La Costanza trionfante dell ‘Amore e dell’ Odio, Andromeda liberata, l’ Altenaïde, Semiramide...

Ensemble Orfeo 55

Nathalie Stuzmann, contralto et direction.

71’14, 1 CD DG 476 4304, enr. septembre 2009 à l’Arsenal de Metz, 2011.

Stutzmann la Stupenda !

Vivaldi en compositeur prolixe d’opéras de la plus belle eau, va encore en surprendre plus d’un. Nous pouvons faire confiance les yeux fermés à Nathalie Stutzmann qui a participé à la résurrection de Vivaldi avec panache dans de mémorables intégrales . Sa voix sombre et véloce, sa capacité à phraser des lignes largement courbées sur un souffle long, font merveille dans tous le répertoire qu’elle aborde. Sa capacité à faire reluire les moindres inflexions d’un texte en fait une liedersängerin de haute lignée. Les plus grands chefs baroques mais pas seulement lui ont demandé son Bach habité et si prenant. Mais elle sait avec une richesse de timbre unique aussi incarner les voix blessées des âmes romantiques et post romantiques. Dans Vivaldi elle est tout simplement inouïe d’audace assumée. Vocalement le timbre reste le plus riche du monde et la ligne de chant est sculptée avec art. Les vocalises sont spectaculaires mais avant tout musicales et porteuses d’émotions. On ne décrira pas chaque air tant il deviendrait fastidieux de lire les détails d’une interprétation qui semble tout pouvoir rendre d’un génie dramatique  très inspiré. Car un texte passionnant nous dit combien Vivaldi a aimé à la folie les voix de contralto et leur a réservé une somme d’airs fabuleux.

Tout à l’opposé de castrats qui à l’époque faisaient sensation avec des voix sans appuis et aériennes la force tellurique des grands contraltos, voix terriennes et charnelles, reposant sur un souffle à l’humaine sensualité a suscité des succès tout aussi fabuleux et peut être moins hystériques et plus touchants. Le parti-pris de "La Stutzmann" de se poser en rivale des castrats est  très séduisant. Les airs lents et dramatiques ont notre préférence et la tendresse aussi mais la virtuosité n’est pas à dédaigner car toujours en situation dramatique. Les sons graves d’un registre tellurique ont des résonances parfois caverneuses du plus bel effet. Ainsi déjà la sensibilité du phrasé, la musicalité et la ductilité de la voix qui associées à la richesse d’un timbre unique rendent ce CD indispensable. Mais il faut aussi dire combien la Diva a trouvé un chef admirable qui saisit toute la richesse dramatique des pièces vocales et offre à son orchestre une liberté jubilatoire dans les pièces instrumentales seules. Ainsi à fréquenter les plus grands chefs à travailler la direction avec eux (Seiji Ozawa et surtout Jorma Panula), Nathalie Stutzmann a tout d’un grand chef d’orchestre. La prouesse de diriger et chanter n’est pas nouvelle mais une telle flamme vocale et musicale dans la même interprète est rare et mérite toute notre admiration et notre reconnaissance. La voix est encore à son apogée et déjà la baguette a tout d’une grande créant un moment de grâce dont ce CD est la preuve éternelle, débarrassant la musique du Prêtre Roux de l’agitation dont certains l’habillent en permanence. Pour ajouter encore à la louange en aucune manière flagorneuse mais admirative et sensée signalons que chaque instrumentiste formant l’orchestre Orfeo 55 a été choisi pour son amour de la musicalité partagée. Le résultat est digne d’une formation ayant passé de nombreuses années ensemble.

Votre serviteur a pris son temps pour déguster cette merveille mais renonce à en écrire d’avantage. Tout mérite l’écoute la plus attentive. Ce CD est l’un des plus original et des plus captivants produit depuis longtemps. Dans l’autre extrême, mais au même niveau de passion et de vocalité audacieuse assumée, les récitals Vivaldi de Simone Kermes nous ont autant stimulé, et certainement d’avantage que Bartoli pourtant épatante il y a déjà longtemps.

Un CD qui mérite de n’être jamais oublié tant il est porteur de beautés rares. Peut-être emporté sur une île déserte tant il est plein de vitalité et de beautés vivantes.

Hubert Stoecklin

Technique : prise de son aérée et rendant compte de la merveilleuse acoustique de la salle messine fera date et peut servir de référence.

 

 

 

Affichage minimum recommandé : 1280 x 800

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