Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

20 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Genre : musique pour orchestre

Antonio VIVALDI (1678-1741)

Concerti per violino III "Il Ballo"

Concerto RV 352, in la maggiore per violino e archi

Concerto RV 307, in sol maggiore per violino e archi

Concerto RV 268, in mi maggiore per violoino e archi

Concerto RV 333, in sol minore per violine e archi

Concerto RV 210, in re maggiore per violine e archi

Concerto RV 312, in sol maggiore per violino e archi

Concerto RV 350, in la maggiore per violino e archi

 

Duilio M. Galfetti, violon soliste

I Barocchisti

Direction Diego Fasolis

 

69'57, Naïve, 2009

 

Un bal démasqué

Poursuivant sa méthodique exhumation des fonds ombrageux de la Bibliothèque Universitaire de Turin (quelques 450 pièces manuscrites issues de la bibliothèque personnelle du prêtre roux, ensemble de partitions que celui-ci conservait à Vienne au moment de sa mort en 1741), la Vivaldi Edition de Naïve s'enorgueillit de ces 7 nouvelles œuvres pour son 3ème volume des concertos pour violon, après la vision poétique et bien tempérée d'Enrico Onofri (vol. 1) et les tournures plus brutales de Sardelli (vol. 2). C’est cette fois à l’ensemble I Barocchisti, dirigé par Diego Fasolis, et entraîné par le Stradivarius virevoltant de Duilio Galfetti, que revient l’honneur délicat de dépoussiérer ces manuscrits, pénétrer le sens profond de chaque pièce pour enfin nous dévoiler ces quelques perles pures, cueillies dans le texte et rapportées directement de l’Europe des Lumières. La rencontre de Fasolis et de Galfetti porte des fruits d’une grande qualité : conduits par une intelligence commune de l’œuvre concertante de Vivaldi, ils ont su retranscrire avec finesse et délicatesse son essence théâtrale et virevoltante.

Car l’écriture instrumentale vivaldienne se caractérise, entre autre, par sa résistance à "l’intellectualisation" de la musique, bien loin des fugues et contre-fugues de qui-vous-voyez, même dans les pièces descriptives ou programmatiques. Loin de l'opéra ou de l'église, il n’est pas question d’allusions aux dieux grecs ou romains, aux héros mythologiques ou historiques ; foin également de toute inclination religieuse, à la componction larmoyante ou solennelle. Voici, jetées sur les piazettas vénitiennes des pièces pleines de vie, de mouvement, de sensualité délicieusement spontanée, un peu populaire et rustique ; un aspect peut-être lié aux origines plébéiennes du compositeur et à son propre itinéraire de musicien en des lieux où cette inclinaison à la gaîté parfois presque crapuleuse était largement appréciée. Cependant, l’allure échevelée des ces pièces ne laisse point de cacher une composition rigoureuse et mesurée, une écriture musicale et une invention formelle toujours novatrices, dynamiques et personnelles, dont la force expressive est sous-tendue par l’exigence d’une virtuosité technique impeccable.

Et cela, I Barocchisti l'a parfaitement compris, capturant avec une grâce iridescente et volage doublée de reflets changeants, de jeux de nuances et de textures, de variations de coups d'archets, d'espiègles clins d'œil de tempi, un Vivaldi instinctif et surprenant. Voyez plutôt ce concerto RV 268, à l’Allegro doucement mélodieux, presque académique, suivi d’un Largo aux accents moelleux et mélancoliques, et dont le dernier mouvement, vif et sonore, vient encore rompre avec l’atmosphère lyrique des deux premiers. Dans un registre très différent, le concerto RV 312 rompt avec le style peut-être un peu BCBG (le style du marchand vénitien enrichi et cultivé) du précédent et nous plonge en pleine ripaille, où éclats de rire et ritournelles fantaisistes nous laissent entrevoir une joyeuse bacchanale chantée et dansée. Ritournelle encore, mais cette fois gracieuse et enfantine, cette petite phrase qui revient régulièrement dans le dernier mouvement du RV350, comme un léger pied de nez fait par un Vivaldi facétieux à ses sérieux confrères Kapellmeisters Italiens ou Autrichiens. Enfin, plus sage et plus alangui, le concerto RV 350 revient à une structure dans laquelle un classicisme de façade n’empêche pas de discerner quelques broderies techniques, innovantes et stimulantes, petits détails qui confèrent à chaque morceau une véritable personnalité, loin des lieux communs méprisant l'abondance stéréotypée de la production vivaldienne.

Voici donc une judicieuse juxtaposition de concerti aux styles très différents, interprétés avec une magistrale spontaneité, dont l'écoute procure un plaisir renouvelé digne du printemps (non, non, ce n'est pas les Quatre Saisons).

Hélène Toulhoat

Technique : prise de son naturelle et claire.

 

 

 

Affichage minimum recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014