Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

20 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Genre : musique pour orchestre

Antonio VIVALDI (1678-1741)

"Chiaroscuro"

Concerto en la mineur pour basson, cordes et basse continue RV 497 (F.VIII no.7)

Concerto en ré majeur pour flûte, cordes et basse continue "Il gardellino" RV 428 (F.VI no.14)

Concerto en sol majeur pour basson, cordes et basse continue RV 493 (F. VIII no. 30)

Concerto en la mineur pour flûte, cordes et basse continue RV 440 (F.VI no.7)

Concerto en mi mineur pour basson, cordes et basse continue RV 484 (F.VIII no.6)

Concerto en sol mineur pour flûte, basson, deux violons et basse continue "La notte" RV 439 (F.XII no.5)

Concerto en si bémol majeur pour basson, cordes et basse continue RV 503 (F.VIII no.35)

 

Claire Guimond, flûte

Mathieu Lussier, basson

 

Ensemble Arion : Chantal Rémillard, Chloe Meyers (violons), Stéphanie Bozzini (alto), Isabelle Bozzini (violoncelle), Nicolas Lessard (contrebasse), Sylvain Bergeron (théorbe et guitare baroque), Hank Knox (clavecin et orgue positif)

 

Direction Claire Guimond

 

66', Arion, 2009

Un bel alliage de métaux précieux

 Posons ainsi l’équation. Première donnée : un ensemble canadien sur instruments d’époque, Arion fondé en 1981 et dont la direction artistique est assurée avec maestria par Claire Guimond. On y additionne un bassoniste virtuose, un peu "jazzy" dans le bourdonnement de son timbre débonnaire. Mathieu Lussier, qui est également compositeur, surmonte avec aisance et naturel les difficultés techniques inhérentes à l'instrument, sensible à dépeindre un halo moelleux qui bondit lors d'attaques énergiques. Enfin cumulons l'opération avec la gracieuse flûte de Claire Guimond, impeccable, qui livre ici une série d’exécution où sourdent la grâce et la passion. Le résultat se révèle de toute beauté, racé et intelligent, primesautier et lumineux, se mouvant avec gracilité depuis les registres plus mélancoliques ou rêveurs, jusqu’aux périodes plus sémillantes et espiègles. C.Q.F.D.

Devant ceux qui associent, un peu trop rapidement, Vivaldi aux concertos pour violons et à l’Europe italocentrique de la musique de chambre autour de 1700, nous brandirons avec enthousiasme cet enregistrement de concertos pour flûte et basson baroques, venu de chez nos cousins d’outre-Atlantique. Pourtant, le défi n’était pas des moindres, car nonobstant l'écriture touffue et extravertie du compositeur, exigeante pour les solistes, nos amis de Nouvelle-France ont choisi d’interpréter certains des concertos descriptifs les plus célèbres de la Lagune, tels "Il Giardellino" ou "La Notte". Arion se réjouit d'habiller le prêtre en homme de cour, évoluant parmi le brocard, la soie et les dentelles, troussant d'élégants concertos pour les oreilles poudrées d'un auditoire raffiné et averti, tel celui de l’entourage du comte Wenzel von Morzin à qui fut dédié le concerto RV 496. L’écriture en est délicate, ciselée, alliant de façon équilibrée une sobriété de bon aloi et une ornementation judicieusement rendue par les musiciens.

Prenons par exemple le Concerto en si bémol majeur pour basson  RV 503, riche en idées mélodiques et rythmiques : on y retrouve ce jeu de contraste qu’affectionnait le compositeur, avec cette structure tripartite en vif-lent-vif, opposant d’abord un Allegro joyeux et presque exubérant, à un Largo plein de componction solennelle, relevé enfin par un second Allegro au rythme entraînant.

Plus sage, le Concerto pour basson en sol majeur RV 493 traîne des accents d’un style plus galant, évoquant avec un complicité complaisante la belle Italienne urbaine et coquette, tantôt voguant dans la plénitude de sa passion amoureuse, tantôt plongeant dans une douce mélancolie, nuancée de regrets tristes et de doutes songeurs, provoquée par le même objet... La même atmosphère, transposée dans la France mi-classique, mi-rococo des années 1730, transparaît dans l’éblouissant Concerto en la mineur pour flûte RV 440, avec ce Larghetto à l’ouverture sublime de sensualité retenue.

Arrêtons-nous enfin sur le Concerto pour flûte traversière en ré majeur "Il giardellino" , à la tonalité plus champêtre. Trilles, passages volubiles et notes répétés, rythmes pointés et sauts trépidants évoquent le chant du chardonneret, auquel répond, plus égale et plus pondérée, la flûte pastorale. A la douceur ronde et sereine de celle-ci vient enfin se juxtaposer un allegro final à la gaieté communicative.

Un très bel enregistrement, dont l’enthousiasme contagieux est servi par la compréhension fine de l’écriture vivaldienne et une profonde implication personnelle, tant de la part des solistes que de celle de l'orchestre. Arion, c'est finalement une constellation accessible et qui fait rêver.

Hélène Toulhoat

Technique : prise de son nette et équilibrée.

 

 

 

Affichage minimum recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014