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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : récital Antonio VIVALDI (1678-1741) Arie ritrovate Sonia Prina (contralto),
Accademia Bizantina, dir. Ottavio Dantone
70'29, Naïve, 2008.
Stupeur ou tremblements ?
Mais au sujet de la contralto, l'entente cordiale n'a pas fait long feu... Comme dans un procès, nous laissons donc la paroles à l'accusation et à la défense. Et vous serez les seuls juges après ces plaidoiries. Sébastien Holzbauer : La vivacité de Sonia Prina ne doit pas faire oublier un chant heurté, brutal, poussé dans ses retranchements techniques. Ecoutez ce "Mi vuoi tradir lo so" de La Verità in Cimento, aux aigus pratiquement hurlés. Les vocalises sont enchaînées certes rapidement, mais les accents sont mal placés, l'ensemble assez désordonné. Le très beau "Abbia respiro il cor", sorte de sicilienne élégiaque, souffre particulièrement de ce timbre relativement ingrat : les graves sont corsés mais flottants, les aigus toujours aussi tirés, détruisant la poésie frémissante de l'air. Le même constat vaut pour le "Tu dormi in tante pene" précité ou encore le doux "Alma mia fra tanti affani" d'Il Teuzzone. S'il ne fallait prendre qu'un exemple parmi tous, le "Sarai qual padre mio" résume à lui-seul les excès de la chanteuse : pris à une allure démentielle, l'air ne permet pas à la chanteuse de placer correctement ses notes, qu'elle se contente de jeter en touffes et sans bouquet le plus énergiquement possible, sans se laisser déborder, quelques liaisons jetées ça-et-là tiennent lieu de vision artistique assez obscure. Viet-Linh Nguyen : Certes, la technique est parfois défaillante, le chant abrupt mais ô combien généreux. Ce qui frappe chez Sonia Prina, c'est sa témérité, l'ivresse des da capos, cette façon de se jeter corps et âme dans l'action sans polir le chant de ses aspérités. Oui, certains aigus dérapent un peu. Oui, certains graves "poitrinent" un peu. Mais est-ce là rédhibitoire ? L'essentiel n'est-il pas dans la passion et le plaisir aisément discernables à chaque air, dans cette projection droite, ce timbre cuivré, charnu, et engagé ? Le "Porta il sul del tuo sembiante" de l'Orlando Furioso est triomphant et suprêmement assuré, le récitatif précédant "Con palme ed allori" de Scandeberg théâtral à souhait, et l'air avec trompettes obligées qui suit tout bonnement décoiffant de martiale beauté. Effectivement, l'un des trilles de l'exposition du thème n'est pas des plus catholiques, mais l'incarnation guerrière est si convaincante qu'on se sent un peu mesquin à parler de solfège quand le souffle épique du drame inonde le programme. Et en ce qui concerne les airs lents, même si l'on peut regretter une lecture un peu trop uniforme et qui manque de nuances, l'air de sommeil "Tu dormi in tante pene" et ses méandres complexes laisse admirer une voix pleine, ronde, aux changements de registre très perceptibles et un peu "Alfred Delleresques". Messieurs les lecteurs, nous vous invitons à présent à vous retirer, et à délibérer sur cette affaire.
Technique : Prise très dynamique.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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