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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique de chambre Marin MARAIS (1656-1728) Tombeau pour M. de Sainte-Colombe et autres portraits Œuvres de Sainte-Colombe, Marais, Forqueray, Rameau, Gautier
Ensemble Spirale : Violaine Cochard (Clavecin), Claire Antonini (théorbe et luth), Charles Edouard Fantin (guitare et luth), Emily Audouin (basse de viole de gambe), Marianne Muller (viole de gambe et direction).
69'09, Zig-Zag Territoires, collection Printemps des Arts de Monte-Carlo, 2008.
"La Marianne" de Marin Marais
De l'art de la sanguine et du pastel...
Pour ouvrir ce carnet de croquis où s'esquissent les caractères avec générosité et sincérité, Marianne Muller a choisi des couleurs noires, reflets d'une imaginaire agonie. Sa viole laisse exhaler un murmure languissant et douloureux dès "le Prélude" de M. de Sainte-Colombe, puis se fond tant et si bien à celle d'Emilie Audoin que le concert à deux violes esgales "Le retrouvé" devient un écheveau contrapuntique. La lenteur des tempi, la sonorité très grainée des cordes, la robustesse soyeuse des graves enveloppent l'auditeur dans une macabre mais paisible atmosphère de recueillement et de déploration culminant avec le fameux Tombeau de M. de Sainte-Colombe de Marais, où le clavecin de Violaine Cochard se fait discret, ponctuant ses accords avec timidité, comme si un orgue de chambre eut mieux convenu à la moiteur apaisée d'une chapelle de province aux murs décrépis. Et puis, comme par miracle, voici "la Laborde" de Forqueray, véritable rayon de soleil après ce crépuscule des dieux. La lecture s'allège, et l'on reconnaît le timbre inimitable de la viole de Marianne Muller, avec ses doux aigus (tout à fait étonnants pour une viole), ses graves présents mais jamais appuyés, son archet toujours ample. Une lecture vive et souriante, sans aucune brusquerie, loin du dynamisme rageur de Paolo Pandolfo (Glossa). L'accompagnement, florissant, s'amuse à la combinaison de timbres, insistant ça sur le luth, là sur les trilles cristallines du clavecin. C'est ce même souci de la couleur, apposée par touches franches, qui conduit l'Ensemble Spirale à confier le début de "la Rameau" de Forqueray uniquement au clavecin, à introduire "la Leclair" au luth ou la Couperin à la guitare. Les respirations sont larges, les nuances nombreuses : jouant sur les retards et les silences, les musiciens parviennent à créer un climat poétique et rêveur, où les notes semblent jetées au gré de l'inspiration, où la mélodie serpente comme une mine de plomb esquissant un visage sur le vif, et le laissant inachevé, les cheveux au vent. On écoute l'autoportrait de Forqueray, avec ses articulations saccadées et ses temps forts très appuyés, et l'on pense que ce "diable" avait un sourire espiègle, le vin léger, et la plaisanterie un peu lourde. On écoute ensuite "la Forqueray" par Rameau, et une autre facette du compositeur se dégage, celle d'un homme spirituel, sans cesse pressé, au discours si riche qu'il en devient brouillon. L'art du portrait est celui de saisir la quintessence de l'âme, de capturer les traits de caractères, de s'autoriser un regard distant, complice ou amusé. Et Marianne Muller et son ensemble méritent amplement de rejoindre les Nattier et autres Boucher de la musique baroque.
Technique : prise de son ample et légèrement réverbérante, très fidèle pour les cordes.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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