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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique religieuse Georg Philipp TELEMANN (1681-1767) "Ich will den Kreuzweg gerne gehen" Cantates de la Passion
Klaus Mertens (baryton-basse)
Direction Shalev Ad-El
"Mein Vater" (air extrait de "Der am Ölberg zagende Jesus")
Un peu, beaucoup, passionnément
Dès les premiers accords de cordes en sourdine du "Die Stille Nacht umschloss den Kreis der Erden", nous comprenons que sommes en présence d'une œuvre mâture et dramatique, à laquelle Klaus Mertens rend hommage avec ferveur. Voici un audacieux accompagnato suspensif, très lyrique, d'un balancement empreint de tension latente mais ouatée, où les graves manquent un peu d'assises en dépit d'un positif très présent. Et Mertens débute son "Die stille Nacht" avec componction et gravité, sculptant les syllabes avec ferveur, s'attardant sur la roulades douloureuse d'un "r", laissant filer la mélodie avec naturel et clarté. Le chant est déclamatoire et fluide, avec des changements fréquents de métriques et de nuances. Pas de doute, la basse signe ici l'un de ses enregistrement les plus marquants, nimbé d'une humanité rayonnante et humble. Cette attention au verbe, cette sensibilité sans afféterie, ce cri du pénitent face à la douleur de son Sauveur se poursuivent dans l'air "Ich bin betrübt in den Tod" d'une pesanteur moite traduisant la détresse du texte et sa violence contenue ("die Gebeine sind zerschlagen") appuyées par les violons de l'Accademia Daniel, sur-grinçants et un peu faiblards (défaut que l'on retrouve dans le "Kommet her, ihr Menschenkinder"). En compositeur consommé, Telemann réserve soudain à l'auditeur un air soudain joyeux après tant de peines dans un "Mein Vater" gracieux et virevoltant, avec traverso et d'une facture presque bacchienne mais doublée d'une pointe de galanterie dans son thème. La première cantate s'achève sur l'air "Kommet her, ihr Menschenkinder" précité, où la direction un zeste trop saccadée nuit à l'aisance mélodique. "Was gibst du denn, o meine Seele" est - avouons-le - moins remarquabl que les autres cantates sélectionnées. Après la sécheresse d'un choral digne du Schmelli Gesangbuch, l'écriture s'avère plus convenue, voire d'une gentillesse galante ("Jesu, dem ich angehöre" peu inspiré), en dépit d'un "Zerreiße die Bande" avec ses effets opératique de tempête rempli de traits violonistiques et mélismes tout à fait réjouissant. Le cycle se poursuit par un "Jesus liegt in letzten Zügen" nettement plus profond et recueilli, où le timbre de Mertens se laisse aller à un un lyrisme douloureux, à fleur de peau, prenant le temps de sculpter les notes avec rondeur, de se mêler aux timbres des hautbois et cordes qui l'enveloppent. Et le Calvaire continue dans un "Ich will den Kreuzweg gerne gehen" d'une poésie triste et ample à l'aria initiale nostalgique et étirée. L'Accademia Daniel accompagne avec délicatesse et attention le soliste d'exception. Les tempi sont équilibrés, la direction de Shalev Ad-El mesurée et fervente. On regrettera toutefois des cordes souvent aigres, et un orchestre manquant d'étoffe et de liant, ce qui confère aux cantates un côté très chambriste et intime, au détriment d'un drame que l'on aurait parfois souhaité plus incisif et pressant. Mais cela ne suffit pas pour écarter un enregistrement poétique, et où Mertens - répétons-nous - livre une prestation saisissante de vérité et de musicalité.
Technique : captation naturelle.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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