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20 janvier 2014

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Genre : musique pour orchestre

Georg Philipp TELEMANN (1681-1767)

"A Journey through Literature"

 

Burlesque de Quixotte TWV 55G:10

Concerto in mi minore per flauto dolce, flauto traverso, archi e basso TWV 52:e 1

Intrada, nebst bulesquer Suite in D major (Gulliver Suite)

Concerto in la minore per 2 flauti, archi e b.c. TXVV 52:a 2

Introduzzione a tre (in Der Getreue Music Meister)

Conclusion en mi mineur (extrait de Tafelmusik)

 

Les Esprits Animaux

 

69'20, Ambronay éditions, 2011.

 

 

Le réveil de Quixotte

Le 2e disque de la collection Jeunes Ensembles des éditions du Festival d'Ambronay est consacré à plusieurs œuvres particulièrement théâtrales et inventives de Telemann. l'Ensemble Les Esprits Animaux, en résidence à Ambronay depuis 2010, en livre une vision tourbillonnante et virtuose, d'une vitalité très démonstrative, insistant sur l'étrange et le bizarre et ce parfois au détriment de la musicalité. Ainsi la lecture heurtée du Burlesque de Quixotte, si elle est éminemment dramatique, n'évite guère l'échouement de phrasés outrancièrement forcés, d'un excès caricatural, et ce dès les notes inégales de l'Ouverture d'une prodigieuse sécheresse. Certes, ce parti-pris, assumé, permet de mettre en valeur les rodomontades rêveuses de Quixotte et ses vains rêves d'héroïsme chevaleresque, et se trouve contrebalancé soudain par une section centrale au violon chantant et virtuose. Il n'empêche que l'interprétation des Esprits Animaux, trop fragmentée, d'un explicite épais à la Degas préfère l'illustration fidèle à l'esquisse évanescente d'un Fragonard. Et pourtant, qu'ils sont talentueux ces Esprits Animaux, réactifs, ironiques, le sourire moqueur, l'archet aussi brillant que cruel ! Après un Réveil de Quixotte rêche et presque pénible, l'Attaque des moulins à vent et son déluge de double croches piquantes raniment le discours, alliant une spontanéité extravertie à une technique sans faille. De même, la Gulliver Suite de 1728, qui prolonge le thème de l'illustration musicale d'œuvres littéraires, est jouée avec un humour féroce, entre la Chaconne maladroite, les coups d'archet cravachés effrayant les Laputiens et la pesante Gigue des Géants. Là-encore, les Esprits Animaux s'en donnent à cœur joie, et croquent un portrait grotesque par l'exagération des effets.

Notre sensibilité conservatrice, notre inclination pour le goût français qui rejoint Talleyrand dans son constat que "Tout ce qui est excessif devient insignifiant" nous fera préfèrer toutefois à ces péripéties hasardeuses le Concerto en mi mineur TWV 52:e 1 d'un subtil équilibre, d'une énergie dévorante, étonnant mélange d'art curial et de réminiscences populaires, où la flûte à bec de Lena Franchini dialogue avec brio avec sa sœur traversière tenue par Elodie Virot lors d'un Largo aux effusions dramatiques grâce à une irrésistible pulsation sous-jacente. Certes, les effectifs chambristes de l'orchestre amoindrissent l'opposition tutti / soli, mais la lecture charmeuse et agile, les constantes inflexions mélodiques emportent l'adhésion. Ibidem pour le très noble Concerto en la mineur, qui trouve justement son inspiration dans le pays des Lys et son amabilité courtisane, comme le prouvent sans nul doute le Gravement ample et doux ou le Vistement tendre et souriant. Enfin, l'Introduzzione à tre extraite de Der Getreue Musik-Meister, campe le portrait de cinq femmes célèbres de l'Antiquité. Les Esprits y abandonnent définitivement leur animalité un peu folle, pour la poésie presque timide du pastel (Lucretia).

Voici donc un enregistrement varié, au cheminement surprenant, au choix d'œuvres bien senti, où le jeune Ensemble se fait caméléon et oscille entre l'humour railleur et grinçant, et la virtuosité équilibrée.

Alexandre Barrère

Technique : captation précise, un peu sèche par endroits.

 

 

 

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