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20 janvier 2014

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Genre : musique religieuse

Alessandro STRIGGIO (1536/37-1592)

 

Missa Ecco sì beato giorno à 40 voix

 

Alessandro STRIGGIO (1536/37-1592)

Ecce beatam lucem

Missa ecco si beato giorno

Fuggi spene mia

O giovenil  ardire

Altr’io  che queste spighe

D’ogni gratia e amore

O della Etruria invitto Duce

Caro Dolce ben moi

Miser’omé

 

Vincenzo GALLILEI ( 1520 ?- 1591)

Contrapunto Secondo di MB

 

ANON

Spem in allium ( Sacrum plainchant)

Thomas Tallis (1505-1585)

Spem in allium à 40 voix

 

I Fagiolini

Direction Robert Hollingworth

 

68’53, 1 CD + DVD Decca, 2011.

“A la manière d’une invention italienne”

Nous ne cacherons pas notre immense déception à l’écoute de cet enregistrement, attendu et chéri comme le trésor rare et délectable de l’année baroque. Une belle énergie a été motrice de ce projet grandiose et notre sympathie pour les musiciens et chanteurs, leurs immenses qualités et leur bel engagement généreux n’est pas en cause. Ce qui produit un déplaisir persistant puis un malaise envahissant mérite une analyse. Ce n’est absolument pas les qualités des interprètes d’ I Fagiolini, ni celle de la généreuse prise de son. Tout sonne magnifiquement mais ne fait que sonner, sans que le sens de cette interprétation jamais ne surgisse.

La musique des sphères a pendant longtemps été conçue comme pouvant faire saisir à l’auditeur sa petitesse devant la splendeur et la magnificence céleste que seule la musique, éminemment complexe, art majeur réservé aux élites, pouvait faire deviner. Cette utilisation de la musique avant tout pour édifier trouve dans la richesse des parties chorales pour 40 voix une forme d’apothéose baroque sur fond de mysticisme de la Renaissance. La polyphonie franco-flamande est ici à la fois honorée et détrônée par un enchevêtrement de lignes que l’entendement humain ne peut suivre.

Dans le parti pris interprétatif de Robert Hollingworth la somptuosité vocale est ici obscurcie par de nombreuses et savantes interventions instrumentales. Non seulement il manque donc des chanteurs remplacés par des musiciens mais ces derniers nuisent au discours du texte, qui certes est généralement noyé, mais ici dans les très rares moments homorythmiques est affadi. Ce qui sonne ailleurs comme une musique céleste - nous ne pouvons que parler du Spem in Allium à 40 voix de Tallis abondamment enregistré - est ici humain, trop humain en raison du mélange qui tourne à la compromission entre voix et instruments, et ce d’autant que les couleurs des instruments sont aussi superbes qu’intéressantes.

La distraction de l’oreille renforce la maîtrise de l’intellect et conduit à perdre tout le moteur hypnotique sensuel voulu. Cela sonne comme du Monteverdi ou du Schutz confus et grandiloquent. L’ambitieux Striggio attend donc sa résurrection avec le nombre de chanteurs adéquat, éventuellement soutenus par des instruments, mais avec plus de modestie. Ici la mise en avant des instruments par leur traitement à égalité avec les voix en leur confiant une partie, nuit à l’élément vocal voulu ici comme primordial par le compositeur.

Cet intéressant travail, expliqué et abondamment filmé dans l’intéressant DVD accompagnatif, ne convaincra hélas pas les amateurs de chant choral et de beauté musicale pure, si bien qu’ une certaine fatigue finit par envahir l’oreille. Les madrigaux de Striggio qui complètent généreusement le programme s’avèrent nettement plus satisfaisants, surtout ceux a capella.

Les concerts donnés par Hervé Niquet et retransmis cet été sur France musique depuis La Chaise Dieu laissent augurer d’une interprétation bien plus aboutie avec un CD qui va être  enregistré dans la foulée. Robert Hollingworh livre ici un essai hâtif, plutôt un ensemble de propositions, certes intéressantes, mais non une interprétation globalement convaincante. La messe à 40 Voix de Striggio attend donc encore sa résurrection vocale.

 

                                              © Decca / Universal Music

Hubert Stoecklin

Mini-site officiel : http://striggio.ifagiolini.com

Technique : prise de son ample et généreuse qui privilégie trop les instruments

 

 

 

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