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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique pour clavier Alessandro SCARLATTI (1660-1725) Toccate per cembalo
Toccata per cembalo d’ottava
stesa [D min] Napoli 1723 Rinaldo Alessandrini (clavecin Franciscus Debbonis, Rome, 1678) 73'10, Arcana, enr. 1991 reed. 2010.
Nuits d'ivresse printanière
Toccate, toccate… Voici le destin qui frappe à la porte, se bouscule sur le clavier, dévale les touches avec une gourmandise non dissimulée. Rinaldo Alessandrini qui s'adonne volontiers à ce déferlement permanent permet de savourer ces amas de notes, ces clusters avant l’heure, cette boulimie frénétique ébouriffante que la sonorité riche et cristalline de son Franciscus Debbonis magnifie. Les notes perlent avec élégance, quelques ralentendi bienvenus cachent ça et là l'orage extravagant qui n'effraie point un interprète à la technique infaillible, d'une vivacité façon "mauvais garçon" qui fait presque penser à Gould, quelques legatos et des cordes frappées (et bien frappées) en plus. Alessandrini ne renonce pas à une ivresse farouche et violente, qu'on imagine écarlate, qui s'agite en un balancement claudiquant reversant tout sur son passage lors du véhément Presto de la Toccata per organo, e per cembalo en la majeur. "Pure exhibition technique ?" s'interroge d'ailleurs Alessandrini dans les notes de programme, avant d'écarter cette hypothèse d'un accident de parcours, sacrifiant à la mode du temps. Nous le rejoignons car, en dépit de l'avalanche musicale débridée que certains critiqueront avec excès pour son narcissisme gratuit, ce serait nier l'inventivité et la variété du style de Scarlatti. Ainsi, la large Toccata per cembalo d'ottava stesa, traduit une écriture consommée et maîtrisée. Qu'on écoute cette Fuga soudainement plus grave, cet Appoggiato cantabile non dénué de poésie, ce final sur la fameuse basse obstinée de la Follia. Et si deux des Toccate per cembalo en ré mineur manquent de personnalité, on trouvera des accents bacchiens dans la noble Fuga del Primo Tono, d'une retenue et d'une rigueur qui étonnent par rapport aux Toccate si fantaisistes. Même constat pour les Due Fugue qui clôturent ce programme qui enjambe allégrement les rives entre un style contrapuntique savant encore teinté de XVIIème, et l'expressivité galante et forcenée d'un clavecin en décadence, qui voit s'affirmer la concurrence du pianoforte. Un CD tourbillonnant qui fait songer à Ruteboeuf dont nous nous inspirerons maladroitement en guise de conclusion : "Ce sont notes que vent me porte / Et il ventait devant ma porte / Les emporta"
Technique : enregistrement intimiste avec une sonorité très colorée.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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