Concerto Soave : Maria Cristina Kiehr
(soprano), Christina Pluhar (harpe triple, théorbe, chitarrone), Sylvie Moquet
(violoncelle, viole de gambe), Matthias Spaeter (archiluth),
Jean-Marc Aymes (orgue, clavecin et direction)
L'Empreinte digitale, re-ed 1999
Audite Me
Rêvons sans cesse...
Novembre
2007. Que l'auditeur curieux ne se laisse pas rebuter par le
titre racoleur du disque, et le calambour douteux de l'article. En effet, Nous tenons là
un véritable chef d'œuvre... Ma route croisa celle de ce compositeur inconnu, au
langage parfois teinté des audaces monteverdiennes, dans le récital des Lamenti
Barocchi vol. 1 de Sergio Vartolo (Naxos). Une poignante cantate sur un rythme
de Passacaille retint mon attention de par l'intensité lancinante de son
désespoir, la maîtrise des chromatismes, la sensibilité de la mélodie. Cette
cantate "Usurpato tiranno" se retrouve dans cet enregistrement, aux côtés
de nombreuses autres pièces, souvent fondées sur des basses obstinées, et qui
dénotent le même talent. Ainsi, la deuxième partie du "Audite me" est conçu
comme un madrigal, sur la même basse (très à la mode à l'époque) que le "Zeffiro
Torna" du 4ème Livre de Monteverdi (1632). Le timbre pur de Maria Cristina Kiehr,
impeccable dans les sons tenus, angélique dans les aigus, rend plus que justice à
ces partitions, rehaussant les passages dramatiques par des retards et de
légères inflexions, soucieuse de laisser la poésie des airs se dérouler sans
inutiles vantardises, affrontant humblement les diminutions et autres mélismes.
Son interprétation poétique et d'une extrême sensibilité, alliant une technique
irréprochable à une sorte de douloureuse vulnérabilité remporte l'adhésion dès
les premières minutes. Le continuo se fait moelleux tapis de plumes, caressant
la soprano avec la discrète admiration du soupirant.
Le seul reproche qu'on pourra faire s'adresse à l'éditeur
qui a supprimé les notes de programme et le livret des pièces chantées dans sa
réédition, au profit d'un inutile catalogue.
Viet-Linh Nguyen
Technique
: Enregistrement chaleureux et bien équilibré en dépit de contours parfois
imprécis.