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mise à jour 20 janvier 2014
| Genre : récital "Sacrificium" Airs de Porpora, Araia, Vinci, Graun, Leo, Caldara, Händel et Giacomelli
Cecilia Bartoli, soprano
Il Giardino Armonico Direction Giovanni Antonini
2 Cds + livret cartonné, 77'55 + 21'15 (bonus), Decca, 2009.
““Du sacrifice à la résurrection.”
Sacrificium, titre éloquent, cherche à briser les fantasmes autour du monde des castrats. Derrière les lambris musicaux de Porpora à Graun, se cache la petite pièce inquiétante et malsaine de la castration. La popularité et l'avidité qui entouraient la notoriété de ces “stars” et l'immolation au nom de la musique et de l'art de milliers de garçons (Haydn a failli y perdre sa virilité). Nous sommes souvent réservés face aux “éditions deluxe” de certains albums, mais il faut bien avouer, malgré des illustrations de ciseaux ou scalpels d'un goût douteux, que la réalisation de Decca est soignée et instructive, et proposée à prix doux. Outre un CD bonus contenant entre autre "Ombra mai fu", on se réjouit des informations rigoureusement documentées, notes de fin de texte à l'appui, sur la pratique de la castration à travers les âges et le “dictionnaire castrat” présent dans les centaines de pages sur papier glacé qui accompagnent cette édition, véritable somme historique et scientifique, où l'on apprend outre des anecdotes croustillantes sur les plus célèbres castratti, le nom des instruments de la castration, les personnages, ou musiciens. Cecilia Bartoli nous étonne de récital en récital. Malgré un éloignement incompréhensible du baroque pour chercher sa place dans le répertoire romantique, elle nous revient avec toute sa force et sa passion. Alors que l'invocation de la Malibran fut un semi-échec, elle s'efface derrière Farinelli et Caffarelli, ajoutant à la splendeur des airs une intuition personnelle d'une grande justesse. La restitution des compositeurs totalement oubliés tels Francesco Araia, Nicola Porpora, Leonardo Vinci, Leonardo Leo et Antonio Caldara est un panorama splendide de la palette émotionnelle des castrats célébrés et du talent exceptionnel de Cecilia Bartoli. Qu'il s'agisse du météorologique Come in nave in mezzo all'onde du Siface de Porpora, du furibond Cadrò, ma qual si mira de la Berenice d'Araia ou du tonitruant Chi temea giove regnante du Farnace de Leonardo Vinci, Bartoli se surpasse et domine les vocalises surhumaines et les brutaux changements de registre. Autrement, dans les airs plus lents, les affetti plus tourmentés elle excelle tout autant dans les appoggiatures et la déclamation sentimentale notamment dans les airs du Sedecia de Caldara et les superbes Parto, ti lascio o cara du Germanico in Germania de Porpora et le contemplatif Qual farfalla de Zenobia in Palmira de Leo. Son inventivité est pléthorique dans les da capi, sans tomber dans l'excès dangereux de la surenchère défigurant la trame mélodique. Cecilia Bartoli devient orfèvre dans son ornementation épousant, comme elle le dit dans le documentaire de présentation de son disque, la technique porporienne de Farinelli et Caffarelli. Toute la profondeur de ces airs est accentuée par la présence de Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico en grande forme pour ce récital. Contrairement à l'idée absurde que la musique écrite pour les castrats ne serait que superficielle et redondante, Antonini et son orchestre cisellent et ornementent les pages d'affetti divers, restituant avec Cecilia Bartoli l'énergie, la difficulté et l'architecture ensorcelée des partitions. Antonini sait rester en retrait lors des grands moments de vocalises et rentrer avec force et émotion dans les introductions ou les courts interludes. Il Giardino Armonico répond avec vivacité et cohérence, notamment du côté des cordes. De très beaux moments aussi dans les solos du naïf Usignolo sventurato du Siface de Porpora et la harpe et les cordes en sourdine du Qual farfalla de Zenobia de Leo. En définitive, l'équilibre et la diversité du choix des airs; la richesse, l'humilité et l'exploit dans l'interprétation de Cecilia Bartoli; la rigueur et l'enthousiasme de Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico et l'exhaustivité scientifique du livre sur les castrats, rendent ce disque exceptionnel, indispensable pour toute discothèque baroque.
© Decca
Technique : Bon enregistrement, prise de son nette avec la voix de la soprano bien en avant.
www.ceciliabartolionline.com/cms/francais/sacrificium.html
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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