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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique vocale Henry PURCELL (1659-1695) "O Solitude" Andreas Scholl (contre-ténor) Accademia Bizantina Direction Stefano Montanari
76'36, Decca, 2010.
"Sa musique est considérée comme le pain quotidien du soliste haute-contre" (A. Scholl)
"If Music be the food of love" ouvre le bal, et quand bien même la voix n'est plus aussi souple ou transparente sur toute la tessiture que par le passé, quand bien même la diction angloyse laisse percer ses accents d'Outre-Rhin, on admire la dynamique du phrasé, l'urgence dramatique de la mélodie, bien loin d'une vision mignarde et contemplative. Le duo "Sound the Trumpet" de l'Ode à la Reine Mary, aux côtés d'un Christophe Dumaux survolté et parfois acide dans les aigus, laisse cependant entrevoir une virtuosité ébouriffée, tumultueuse, presque narcissique, et finalement peu idiomatique à force de fougue et d'excitation, de trilles et mordants, d'accélération des tempi sur fond de basse continue sautillante. Le pinacle de cette boulimie où l'expressivité se contorsionne dans des drapés dignes du Bernin est atteint avec le "What power art thou", air du Génie du Froid extrait de King Arthur, hommage à Klaus Nomi, où Scholl frissonne jusqu'à l'hypothermie sur fond de cordes frémissantes et acérées, délaissant la musicalité pour une incarnation débordante. Cependant, l'outrance n'est pas permanente, l'excès pas toujours démesuré, et le récital recèle aussi des perles, magnifiées par l'inventivité et les couleurs du tissu orchestral, sous la houlette de Stefano Montanari qui n'hésite pas à adjoindre des introductions instrumentales, à amplifier les sections orchestrales en intercalant des ritournelles entre les couplets, et à étoffer les effectifs habituellement retenus. Le "Here the deities approve", doucement sculpté par Scholl, avec des violons veloutés, illustre la réussite d'une telle approche, de même que le "O Solitude" qui - sans égaler Deller pour son pouvoir enivrant du mot, mais qui peut y prétendre ? - gagne en noblesse par sa soudaine pudeur, en dépit d'un timbre plus nasal dans le médian. On citera également un superbe "Now that the sun hath veiled his light" hypnotique et tendre dans sa berceuse sur basse obstinée. Et ce sont au final les morceaux les moins spectaculaires, aux interprétations moins immédiatement "décapantes" qui s'avèrent les plus touchants. Un dernier mot enfin sur les pièces instrumentales qui évoluent avec une triomphante certitude - d'une Chaconne francisante, à l "Incidental Music for the Gordian Knot Unty'd" d'une grandeur arrogante avec ses notes inégales puissamment marquées - pour en louer le caractère enlevé et précis, dansant et robuste.
"What power are thou" extrait de King Arthur © Decca
Technique : prise de son assez neutre.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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