Genre : récital
Un Noël méditerranéen
Chants de la Sibylle latine,
catalane & provençale
Noëls populaires anciens italiens, catalans & provençaux
Anthea Pichanick,
mezzo-soprano
Ensemble instrumental & chœur de chambre du Concert de l’Hostel Dieu
Hugo Peraldo, direction
68'00, Baroque & plus, 2013,
enregistrement en public le 3 novembre 2013 à la Chapelle St Marc de Lyon.

"At Christmas I no more desire a rose
Than wish a snow in May's new-fangled shows,
But like of each thing that in season grows."
William Shakespeare
C'est à un voyage initiatique, à
l'atmosphère souvent mystique et fervente, que le Concert de l'Hostel
Dieu nous convie dans cette captation de concert d'un programme jouée
notamment en novembre et décembre dernier. Articulé autour de chants
populaires italiens, catalans et provençaux, alternant passages solistes et
passages choraux, lovés dans les frottements évocateurs du rabab ou des
violes de Nolwenn Le Guern, très présente, ou enveloppés par les
cornets, dulciane, musette des autres musiciens, dont on regrette une
captation manquant de définition, ce Noël méditerranéen mélange
allégrement les époques (avec les archaïques chants de la Sybille qui
ouvrent chaque partie du triptyque, des pièces catalanes probablement
XIXème, les provençales issues du fascicule de Nicolas Saboly et les
italiennes de diverses sources) mais parvient à une remarquable cohérence
dans l'interprétation d'une sobriété fervente, avec des chœurs très denses,
un peu sombres, tirés vers les graves, un accompagnement instrumental coloré
et douloureux, et le timbre particulier d'Anthea Pichanick, mezzo
corsée très dramatique, en dépit d'un petit vibratello. La direction
réfléchie et naturelle d'Hugo Peraldo, dynamique sans excès dès qu'il s'agit
de dégainer les cordes pincées, nettement plus recueillie la plupart du
temps, est de celle qui s'impose avec le sourire de l'évidence quoiqu'elle
ne contribue pas à insuffler suffisamment de contrastes au programme.
On pense un peu au Mediterraneo de l'Arpeggiata de Cristina Pluhar
(Virgin), en plus pudique et moins viscéral, et l'on regrettera simplement
le choix des pièces, insuffisamment variées : pour une tarentelle et un
bondissant "fum, fum, fum", que de pièces chorales parfois itératives dans
ces Noëls catalans ! En outre, la prise de son, dont on reconnaîtra les
efforts méritoires pour un live, manque souvent de profondeur : le beau et
droit "Dormi, dormi, o bel bambi" voit ainsi la flûte pratiquement
supplanter en dynamique l'ensemble du chœur et en général les instruments et
la soliste sont trop franchement mis en avant ce qui est dommage. Un opus
intéressant et vagabond.