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20 janvier 2014

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Tentative de détournement de baroqueux :

 la musique romantique sur instruments d'époque

La forêt de Dorigny (Suisse). Lithographie originale aquarellée tirée d'un recueil de cent vues intitulé La Suisse en miniature (1831). D.R.

Musique romantique sur instrument d’époque : les œuvres avec orchestre

Vous avez sans doute dans votre entourage quelques amis fort adeptes de ce qui fait l’objet principal de ces pages : la musique baroque. Ils ont tellement de disques qu’il devient impossible de leur en offrir : comment être sûr qu’ils ne l’auront pas déjà ? Tout simplement en changeant de répertoire. Ne risquerait-on pas de tomber sur quelque chose qui ne leur plaise pas ? Bah, tout choix de cadeau comporte une part de risque. Et puis dites-vous que rien ne vaut la découverte.

Néanmoins, mieux vaut garder une certaine prudence. Une idée serait de les introduire dans le monde merveilleux de la musique romantique par le biais des instruments d’époque. Au XIXème, la facture instrumentale n’est pas encore contemporaine, certes, mais presque, mais le plus important est ailleurs : c’est la disposition de l’orchestre et les techniques de jeu qui font la différence. L’objet de ces lignes n’est pas de développer la technique romantique, mais de vous proposer quelques disques qui peuvent servir d’initiation.

Loïc Chahine.

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Pour les baroqueux purs et durs, mieux vaut peut-être commencer doucement par le classicisme. Les enregistrements ne manquent pas. Notons cependant que si les concertos de Mozart ont trouvé un interprète remarquable en Jos Van Immerseel, l’intégrale des symphonies du même auteur par Hogwood semblera vite monotone. Côté musique vocale, la performance la plus aboutie à l’heure actuelle me semble être le récent Don Giovanni dirigé par René Jacobs : avec une théâtralité qui ne gêne pas la musique et un sens du phrasé et de la texture orchestrale plus que séduisant, une distribution excellente (je ne dis pas idéale, mais il faut du moins admettre qu’elle est singulière), c’est assurément une référence désormais incontournable.

Arrivons tout de même au gros du programme : le XIXème siècle.

Et commençons par Beethoven. L’intégrale des symphonies dirigée par John Eliot Gardiner n’est pas sans défaut, elle n’en est pas négligeable pour autant et demeure une bonne introduction. Notons aussi une excellente Missa solemnis dirigée par Philippe Herreweghe.

Pour quelque chose de plus modéré et de plus doux, on ne saurait trop conseiller Mendelssohn, « le plus classique des romantiques ». Un enregistrement s’impose largement devant tous – et peut-être même devant tous les autres de la période – et c’est le Songe d’une nuit d’été dirigé par Herreweghe. Quelle féerie ! Quelle beauté du son ! Quelle harmonie ! Quelle douceur !

La musique symphonique de Schumann est également très séduisante, parce que moins tonitruante que celle de Beethoven, et extrêmement touchante (à condition de ne pas être insensible à un certain lyrisme). L’enregistrement des 1ère et 3ème symphonies par Herreweghe est très poétique ; l’intégrale de Gardiner offre moins d’engagement, mais un son peut-être plus charmeur.

Offrons-nous le luxe d’une parenthèse pour dire que dans l’ensemble, les enregistrement de Philippe Herreweghe et de l’Orchestre des Champs-Élysées sont excellents. Le son de l’orchestre est – comme toujours avec Herreweghe – très lisse, mais ne manque pas de chair, et la direction est toujours subtile ; parfois un peu sèche, mais souvent très poétique, de cette poésie douce qui penche la tête sur le côté sans se livrer à de grands élans tragico-romantiques. Parenthèse refermée.

Schubert a été moins bien servi, mais il faut dire que son point fort est sa musique vocale, ses Lieder et que les grands mélodistes sont toujours très peu nombreux. On écoutera avec intérêt les symphonies dirigées par Jos Van Immerseel, où Anima Eterna, charnue et emportée, fait nos délices. Mais le meilleur enregistrement, à mon avis, de ce chef avec cet orchestre est son enregistrement russe alliant à la magnifique Shéhérazade de Rimski-Korsakov les Danses polovstiennes du Prince Igor de Borodine. L’expression y est aussi juste que le tempo et le choix d’effectifs d’époque mettent en valeur les talents d’orchestrateurs de Rimski.

Pour ouvrir sur le XXème siècle, on choisira Bruckner, dont deux symphonies ont été enregistrées par Herreweghe (toujours lui ? oui, et c’est tant mieux) : la 7ème d’abord, puis la 4ème ; cette 4ème semble à préférer : Herreweghe y est sans doute plus à l’aise, et l’orchestre y forme plus une bonne patte orchestre que dans le premier enregistrement.

Signalons enfin un enregistrement singulier : Offenbach romantique dirigé par Minkowski. On peut y entendre un concerto pour violoncelle qui mérite de figurer parmi les plus belles œuvres du répertoire – et les plus virtuoses. À écouter absolument.

Côté musique vocale, il y a moins à faire. Les trois Offenbach dirigés par Minkowski (Orphée aux Enfers, La Belle Hélène et La Grande-Duchesse de Gérolstein) offrent de belles pages, mais surtout de bons moments comiques – mieux vaut les voir en DVD. Reste, surtout, les deux récents récitals belcantistes : celui de Cecilia Bartoli et celui de Natalie Dessay. Tous deux, bien que relevant de démarches fort différentes, sont excellents, très aboutis vocalement, avec des accompagnements qui rendent enfin justice aux compositeurs – surtout à Bellini.

Toutes les œuvres ici citées ont aussi été merveilleusement interprétées sur instruments modernes, par des chefs inspirés, et d’autre ne l’ont été que de cette manière. Il faut souhaiter que les lecteurs de cette page et futurs auditeurs d’enregistrements sur instruments d’époque n’hésiterons pas à se diriger vers des enregistrements sur instruments modernes de qualité toute aussi extraordinaire : ils pourront y entendre quelques uns des plus grands génies du XXème siècle.

Loïc Chahine

 

 

 

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