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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique ancienne Musa Latina
Œuvres de Franciscus Nigrus, Jacob Arcadelt, Petrus Tritonius, Antonius Capreolus Brixien, Franchino Gaffurio, Claude Le Jeune et alii
Ensemble Daedalus Direction Roberto Festa
52'08, Alpha, 2009
"Poscimur si quid vacui sub umbra" (Arcadelt)
Se perdre dans un Dédale
Dès le coup de gong de l' "Invocatio Musarum" anonyme qui ouvre cette invention de l'Antique, on se laisse porter par le frottement des cordes d'une terrestrialité lourde, l'on imagine la charrue traçant des sillons épais dans une terre sombre et opulente alors que sur ce substrat hypnotique se greffe la flûte de Margherita Degli Esposti, présente et tout aussi charnelle. Un "Tempora labuntur" de Nigrus plus tard d'une désopilante homorythmie somme toute assez monotone, on se trouve face à la paisible opulence d'Arcadelt que Daedelus rend avec le même luxe de couleurs, les instrumentistes étant parvenus à traduire de manière quasi tactile le désespoir de Didon sur les vers Vigiliens. Tout le récital baignera dans un mysticisme précieux, au charme énigmatique, où la droite sobriété des voix déclamant Horace ou Virgile est enveloppée par la prairie grasseyante des vièles et violes ("Miserarum est", "La fiamma che m'abbruscia"), çà et là rehaussée des accents champêtres de la flûte ou du délicieux picotement des cordes pincées, scandée par les percussions d'une brusquerie mate. L'enchaînement de cette Musa Latina fait la part belle au choc des styles et des genres. Ainsi, l'on ne sera point troublé de passer des chromatismes rigoureux d' "O sonno" de Cipriano de Rore aux joyeusetés bondissantes et populaires du "Poscimursi quid vacui sub umbra" d'Arcadelt, pour enfin se détendre au son perlé et solitaire de l'introduction au luth de "Mon coeur qui brusle" de Claude Le Jeune dont les compositions préfigurent l'air de cour à la Lambert dans le soin porté à la prosodie en langue vernaculaire. Au final, la Muse Baroque ne pouvait que sourire à la Muse latine, d'autant plus que l'interprétation de Daedalus a su en extirper la complexité structurelle sans en sacrifier la poésie musicale. Pourtant, ce disque très particulier, assez peu mélodique, d'une austérité balancée par le kaléidoscope de timbres instrumentaux ne trouvera pas forcément grâce à toutes les oreilles. Et c'est bien dommage.
Technique : captation aérée et naturelle.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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