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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique de chambre Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) Sonates en ut majeur KV 300h, en si bémol majeur KV 570, en ré majeur KV 576, Adagio en si mineur KV 540. Boyan Vodenitcharov (pianoforte) Fuga Libera, 2008
Le non divin Mozart
Ce qui frappe avant tout, c’est un art du toucher très différent de ce à quoi les amateurs de pianoforte sont habitués. Plus contrasté, plus expressif, on sent que l’art de Vodenitcharov n’est pas seulement affaire intellectuelle, mais aussi purement matérielle, physique, et que l’on peut, avec un pianoforte comme une voix humaine (comparaison qui n’aurait sans doute pas déplu à l’époque baroque qui mettait l’art vocal au sommet), attaquer une note de manières très différentes. Non, du Mozart ça n’est pas lisse. Le "pianofortiste" insuffle des contrastes à l’échelle même des mouvements, de tous les mouvements. Ainsi, l’espièglerie de l'Allegro Moderato de la KV 300h prend-elle par moment une touche plus douce, du coup plus délicieuse et peut-être déjà un peu mélancolique, annonçant l'Andante cantabile. Et le troisième n’en paraît que plus joyeux, soulagement naïf après les incertitudes et les errements. Ces ruptures sonores sont particulièrement frappantes dans les mouvements lents, d’autant plus que ce disque présente deux des plus beaux Adagio mozartiens : celui de la KV 570, et l’Adagio isolé KV 540. On y sent la continuité entre l’Empfindseimkeit de C. P. E. Bach et la musique de ce W. A. Mozart, musique rendue à son humanité, dédivinisée par Boris Vodenitcharov ! Et non, du Mozart ça n’est pas lisse. Ce Mozart-ci est finalement plutôt poétique, non pas hanté par la vision de la mort, mais simplement parfois assailli de doute et de cette mélancolie douce-amère qu’on n’associe pourtant guère à l’époque classique (Adagio de la KV 570). La lecture de Vodenitcharov est remarquablement humaine dans l'expression des sentiments. Ainsi, l’Adagio KV 540 qui pourrait facilement, sur un piano moderne, s’envoler vers une vision universelle d’une tristesse hyperbolique et romantique, devient sur ce pianoforte utilisé si judicieusement, l’expression d’un seul homme. Et celle-ci émeut d'autant plus qu’elle est simple, sans être dépouillée, nue, spartiate. Nous voilà soudain en la présence (musicale) d’une personne, dans toute sa complexité et ses contradictions, qu’on ne cherche pas à comprendre et à qualifier, voire à classifier, mais qu’on "ressent". Et c’est assez rare pour être noté, et goûté.
Technique : bonne prise de son. Pas de remarques particulières.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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