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20 janvier 2014

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Genre : musique de chambre

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

Concertos pour pinaoforte n°13, n°14 & n°27

Concerto n°14 en mi bémol majeur K. 449

Concerto n°27 en si bémol majeur K. 595

Concerto n°13 en do majeur K. 415

 

Daniel Isoir, pianoforte

 

La Petite Symphonie :

Gilone Gaubert-Jacques : violon

Charlotte Grattard : violon

Diane Chmela : alto

Emmanuel Jacques : violoncelle

Axel Bouchaux : contrebasse

Séverine Isoir : traverso

Jean-Marc Philippe : hautbois baroque

Olivier Clémence : hautbois baroque

Ricardo Rapoport : basson

Mélanie Flahaut : basson

Pierre-Olivier Goll : cor naturel

Pierre-Yves Madeuf : cor naturel

 

75’47, AgOgique, 2012.

Le sentier lumineux

Étrange paradoxe que celui de nos goûts et inclinations ! Car, étrangement, les baroqueux que nous sommes, avons souvent défendu une approche classicisante et traditionnaliste de Mozart, allant pour les opéras puiser jusque dans les mythiques archives des Fürtwangler, Krips, puis des Colin Davis ou des Solti. Avouons que les Mozart hyper dramatiques d’Harnoncourt n’étaient pas si révolutionnaires, et que les déconstructions de Jacobs nous ont peu convaincus. Peut-être cédons-nous à de vieux réflexes traditionalistes, peut-être aimons-nous artificiellement renforcer ainsi la dichotomie entre le contrepoint baroque et la masse sonore classique. Quoiqu’il en soit, et malgré la présence de Mélanie Flahaut ou de Pierre-Yves Madeuf dans l’orchestre, nous avons l’honnêteté et la faiblesse de confesser un regard nostalgique vers nos étagères, chargées des versions de l’intégrale de Murray Perahia au miroitement subtil (Sony), de Daniel Barenboim bien charpenté et inventif (EMI), de la discrète Mitsuko Ushida (Philips) ou du fier Alfred Brendel (Decca) en nous demandant où nous conduirait cet orchestre restreint, sans chef et jouant à une voix par partie.

Le résultat est à la fois surprenant et terriblement imaginatif, dénotant une intime compréhension du vocabulaire mozartien et une attention rigoureuse aux combinaisons de timbres instrumentaux en constante recomposition. Le Mozart qui en ressort est à la fois poétique, lyrique, chaleureux et coloré, perdant en grandeur et en souffle ce qu’il gagne en humanité et précision.

 

                                                        © AgOgique, 2012

Aux articulations souriantes et tragiques de nos artistes précités, aux frémissements mouvants et parfois préromantiques, à l’horizon sur la mer, Daniel Isoir substitue un art de miniaturiste. L’Allegro vivace du Concerto n°14 avec son bouillonnement saccadé rappelle soudain les tâtonnements de l’école de Mannheim et le style plus galant d’un Holzbauer ou d’un Stamitz, ôtant à Mozart son habituelle puissance évocatrice, compensée par la clarté lumineuse de chaque ligne et l’enthousiasme général, que caractérise des temps forts très marqués et d’une spontanéité libre. Le pianoforte de Daniel Isoir – d’après un modèle de 1780 de Stein – se révèle d’une ductilité sans faille, simple primus inter pares élégant lorgnant vers le Concerto Grosso. La tendresse bourgeonnante du célèbre Andantino, bercé par les superbes sonorités des violons, n’est que douceur sensuelle et fragilité charmante, évitant l’écueil de la mièvrerie, pour un discours aux articulations épurées, très détachées, même si l’on regrette que le pianoforte ne se livre pas à une lecture plus passionnée et contrastée. De même, le Larguetto du Concerto n°27, intimiste et soyeux, fait la part belle au dialogue entre le piano soliste et l'orchestre réduit, avec des équilibres souples et lumineux, aussi changeants que subtils que ne sont pas sans rappeler certains Brandebourgeois...

Et pourtant, on finit par déplorer la finesse du tissu orchestral qui dans les tutti n'évite pas l'écueil d'une transparente sécheresse, de la clarté trop forte du scialytique de la salle d''autopsie. L'ample Allegro du Concerto n°13 souffre ainsi - en dépit de la virtuosité éloquente d'Isoir et de certains phrasés d'un naturel qui confine à l'évidence - des interventions d'un ensemble émacié, attentif et fidèle, mais par trop chambriste. Et, quoique les effectifs restreints permettent au pianoforte d'être pleinement audible même lors des tutti, les tournures carrées des violons, le détail de chaque pupitre, conduisent justement à ce que la partie se substitue au tout, à ce que que l'attention soit sans cesse reportée sur de multiples contrepoints, s'égare à admirer la tournure sautillante et primesautière d'un cor ou d'une flûte (Allegro du n°27), au détriment de la ligne générale.

En conclusion, La Petite Symphonie livre une lecture rafraichissante et novatrice d'un Mozart à l'intimité retrouvée, aux timbres éclatants et colorés, tirée par l'interprétation de haut vol d'André Isoir, d'une fluidité solaire, mais dont le parti-pris d'une voix par partie amoindrit la force. Alors, non, nous ne pourrons renier la grandeur souple de Brendel, mais cette une vision personnelle, différente, gagne sans nul doute à être entendue et appréciée.  

Anne-Lise Delaporte

Technique : prise de son très aérée et très équilibrée.

 

 

 

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