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20 janvier 2014

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Genre : récital

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

"Mostly Mozart"

Wolfgang Amadeus MOZART (1756 - 1791) : "Tiger! wetze nur die Klauen" (Zaide)

Antonio Salieri (1750 - 1825) : "Par les larmes dont votre fille" (Les Danaïdes)

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791) : “Quando avran fine omai” ; "Padre, germani, addio!"

(Idomeneo) ; "Ruhe sanft, mein holdes Leben Zaide" (Zaide) ; "Ma se colpa" ; Batti, batti, o bel Masetto" (Don Giovanni)

Giovanni Paisiello (1740 - 1816) : "Il mio ben quando verrà" (Nina, o sia la Pazza per Amore) 

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791) "Giunse alfin il momento" ; "Deh vieni, non tardar" (Le nozze di Figaro)

Ignaz Jakob Holzbauer (1711 - 1783) : “Es ist geschrieben…Ihr Rosenstunden ” (Günther von Schwarzburg)

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791) : "Vedrai, carino" (Don Giovanni)

Johann Christian Bach (1735 - 1782) : A qui pourrai-je avoir recours (Amadis de Gaule)

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791) : “Ach, ich fühl's, es ist verschwunden” (Die Zauberflöte)

Antonio Salieri (1750 - 1825) : "Père barbare, arrache-moi" (Les Danaïdes)

 

Mojca Erdmann, soprano

La Cetra Barockorchester Basel

Direction Andrea Marcon

 

70’32, Deutsche Grammophon, 2011.

 

 

"Vedrai carino"

On aurait pu frémir. Déplorer tout d’abord le manque d’audace de DG (et non de son label baroque Archiv plus spécialisé), qui nous gratifie d’un énième récital mozartien, à la jaquette stylée et neutre, où la jolie et blonde soprano reposant sur son lit de roses aurait pu tout autant convenir à un enregistrement de pop sirupeuse que de rock alternatif, si ce n’était la cartouche doré de la maison de disque qui contrebalance le nom de la chanteuse, sans capitales, trônant bien en vue, et éclipsant le chef, son orchestre et… les compositeurs. On notera ainsi aux côtés d’airs d’opéra ou de concert mozartiens, des choix plus rares sans pour autant confiner à l’obscur tels Salieri le soi-disant rival damné, ou encore Holzbauer. (Nous en profitons d’ailleurs pour constater avec plaisir que les opéras de Salieri bénéficient aujourd’hui d’un panel d’enregistrements tout à fait honorable puisque Les Danaïdes, Falstaff, la Grotta di Trofonio, Axur, Tarare ou La Locandiera sont disponibles et parfois même en plusieurs versions – fermons la parenthèse)

Et pourtant ce produit d’un marketing lisse qu’on imagine convenu et ennuyeux se révèle d’une musicalité sensuelle et fière à la fois.

Mojca Erdmann © Felix Broede

Sensuelle d’abord, sans que les photographes de mode aient besoin de garnir le livret de séduisants clichés, puisque la soprano fait montre d’une expressivité et d’un art consommé du phrasé classique, sculptant la courbe sonore avec une élégance désarmante et une aisance dans l’émission qui en ferait pâlir plus d’une. Le "batti, batti, o bel Masetto", à la fois mutin et consolateur, poétique et chantant, caressant et amusé, illustre ainsi la capacité de l’artiste à s’approprier la partition, et à y insuffler ce supplément d’âme par une caractérisation psychologique fine. Le souffle est ample, sans excès vériste, le chant contrôlé sans affectation, le timbre d’un velouté moiré vénitien ("Il moi ben quando verrà" aux soupirs charmants éclosant au-dessus du clapotis des cordes) quoiqu’encore juvénile par moment.

Fière ensuite, car la belle Mojca sait atteindre des cimes tragiques et ne se contente point de désespoirs de soubrettes, alors même que la juxtaposition inhérente à l’exercice du récital tend milles pièges pernicieux dont celui de la superficialité brillante. C’est dans le vocabulaire gluckien et para-gluckien (si les lecteurs nous pardonnent ce jargon) et la force dramatique du récitatif accompagné allié à la liberté tragique de la mélodie que la soprano révèle une intensité tout à fait remarquable, d’un "Par les larmes de votre fille" où l’apparente simplicité du thème recèle une douleur intériorisée frémissante, aux troubles erratiques d’un "Padre, germani, addio" droit et sensible. On citera également le "A qui pourrai-je avoir recours" d’Amadis de Gaule, au climat angoissé et sombre, avec une Mojca Erdmann d’une hésitante fragilité. Certes, d’aucuns reprocheront à la soprano un hédonisme lumineux, un legato rêveur, une douceur soyeuse constants, une manière de ne pas trop détacher les ornements comme si la vocalise confinait à l’indécence, qui ne permettront pas à une Donna Elvira de virer en Elektra.

A ses côtés, la Cetra Barockorchestrer Basel se révèle superlative, d’un lyrisme coloré, guidée avec assurance par un Andrea Marcon dramatique et théâtral, trop heureux d’étreindre les drapés soyeux et les inflexions de celle que le livret qualifie de "muse pour Mozart", et apportant sa sève et sa vigueur à un édifice trop exquisément suave sans cela.

 

© DG

Alexandre Barrère

Technique : captation claire et dynamique.

Site officiel de Mojca Erdmann : www.mojcaerdmann.com

 

 

 

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