Genre :
musique religieuse
Claudio MONTEVERDI (1567-1643)
Vespro della Beata Vergine
Paul Esswood, Kevin Smith (falsetti),
Ian Partridge, John Elwes (Tenori), David Thomas, Chirstopher Keyte (Bassi)
Regensburger Domspatzen,
Hamburger Bläserkreis für alte Musik, dir. Hanns-Martin Schneidt
Archiv, enr. 1975.

Un mysticisme brûlant
Les Vêpres à la Vierge de Monteverdi furent rarement enregistrées
avec de seules voix masculines, et les circonstances de leur exécution, sans
doute à Saint-Marc de Venise avec ses doubles tribunes, relativement peu
documentées. Suivant la règle mulier tacet in ecclesia (les femmes se
taisent dans l’église, pardonnez mesdames la traduction un peu rustre),
Hanns-Martin Schneidt proposa voici plus de 20 ans cette interprétation d’une
ferveur mystique, avec chœur d'enfants, et dont l’impact émotionnel est toujours aussi présent.
Pourtant, il faut prévenir d’emblée les lecteurs que la musicologie comme la
pratique instrumentale ont fait des bonds de géants depuis cette époque
antédiluvienne de la révolution baroque : les cornets d’une redoutable
aigreur pourront surprendre, le Magnificat chanté beaucoup trop haut
par l’incompréhension du système de notation des chiavete aussi, sans
compter les adeptes du « une voix par partie » défendu avec brio par Andrew
Parrot. Toutefois, les deux versions du Magnificat (celle traditionnellement
jouée et enregistrée possède une instrumentation plus étoffée) sont
présentes sur le disque dans un intéressant souci documentaire.
Si cette lecture demeure encore recommandable, c’est en raison de
l’admirable intériorité qui se dégage de l’ensemble. Privilégiant un
continuo et une instrumentation austères et au plus près de la partition,
Hanns-Martin Schneidt a tout misé sur l’expressivité des chœurs et
l’investissement des solistes. Homogènes, massifs et rond, les chœurs
relèvent plus de l’inébranlable monolithe que de la phalange agile et
transparente. Très cadrés, bénéficiant d’une ampleur accrue par la
réverbération de la captation, ils nous transportent aussitôt dans la froide
pénombre d’une nef d’église. L’impression de puissance et d’humilité est
renforcée par l’absence de voix de femmes qui confère une couleur
remarquable rarement rencontrée dans cette œuvre. Les Regensburger
Domspatzen signent là l'une de leur meilleures performances, avec
l'enregistrement des motets de Bach. On retrouve dans les solistes les
grands noms de Nigel Rogers, inimitable dans les trilles et autres
virtuosités, Ian Partridge moelleux, John Elwes un peu nasal ou encore le
très stable David Thomas.
Aux antipodes de l’italianité et de la splendeur d’un Savall (Astrée), du
bouillonnement instrumental de la première version d’Harnoncourt (Teldec) ou
de l’oratorio dramatique d’un Alessandrini (Naïve) cette version ancienne et
volontairement archaïsante possède le parfum de l’encens, des soutanes et
des bannières.
Technique
: ADD assez cotonneuse.