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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : opéra Jean-Baptiste LULLY (1632-1687)
Ballet des Arts (1663) Dorothée Leclair (dessus) ; Mélodie Ruvio (bas-dessus) ; Romain Champion (haute-contre) ; Arnaud Richard (basse). La Simphonie du Marais Direction : Hugo Reyne 74'14, Accord, 2008
L’Art du ballet
Le principe générique du ballet de cour a été maintes fois expliqué, entre autres par Philippe Beaussant : autour d’un thème se déroulent des entrées plus ou moins en rapport les unes avec les autres. Ici, c’est l’option « plus » que les créateurs avaient choisie, même si les arts en questions ne sont pas ceux qu’on attendrait – c’est qu’il faut prendre le mot en son sens étymologique de technique : voici venir l’Agriculture, la Navigation, l’Orfèvrerie, la Peinture, la Chasse, la Chirurgie, et enfin la Guerre. Chaque entrée comporte un certain nombre de danses précédées d’un récit – les deux premiers sont dus à la plume de Michel Lambert – à une ou deux voix. Dès l’ouverture, on est frappé par la noblesse et la cohésion de l’orchestre, noblesse dont jamais la Simphonie du Marais ne se départit. Au cours de toutes ces entrées, on sent la danse, on peut aisément imaginer les danseurs, d’autant que le livret moderne reproduit le livret d’époque (avec les « vers du ballet » dont Philippe Beaussant parle dans l’extrait de son livre Lully ou le musicien du Soleil), nous apprenant à qui les danses sont dévolues : des plus sérieux personnages (Céphale) au plus bas (chirurgiens, docteurs et estropiés), en passant par les plus attendus (peintres) et les plus inattendus (pirates et amazones). Il faut bien dire que ce sont ces personnages que l’orchestre nous peint : les amazones (VIIe entrée) sont nobles et martiales, même sans trompettes, les « courtisans chargés d’orfèvrerie » ridicules, les estropiés traînent la jambe, tout cela sonne comme une évidence à l’écoute. On appréciera la polyphonie, plus savante qu’il n’y paraîtrait au premier abord, car on entend ici distinctement, en tendant un peu l’oreille, chacune des cinq parties de l’orchestre français. On appréciera aussi les variations d’instrumentation et ornements introduits d’une reprise à l’autre – car les danses sont répétées plusieurs fois. Comme le souligne Hugo Reyne, les danseurs entraient sur scène avec des costumes recherchés, il est donc peu probable que chaque entrée dansée durât deux fois moins longtemps que le récit qui la précédait ! Les récits, justement, sont sublimes. L’équipe de jeunes chanteurs réunie ici est idéale, avec de beaux timbres – Mélodie Ruvio est un mezzo chaleureux, Romain Champion une haute-contre raffinée, quant à Arnaud Richard, il n’est pas sans rappeler Arnaud Marzorati. Les ritournelles sont particulièrement enchanteresses. On y notera la faible présence du clavecin, remplacé par son prédécesseur le luth (en fait ici le théorbe) ; les timbres du théorbe, de la viole et des deux violons ou deux flûtes se marient parfaitement bien, la générosité des timbres vocaux complète agréablement ces instruments. Il ne faudrait pourtant pas croire que la voix devient instrument : le texte est parfaitement dit, voire interprété – les deux peintres sont amusants, Mars et Bellone franchement comiques, Thétis divinement malicieuse quand elle dit « je n’ose ». C’est assurément une grande réussite que ce Ballet des Arts, les pas à danser viennent même à l’écoute à qui a déjà vu un peu de belle danse. Il s’agit du dixième volume de la collection, nous attendons déjà avec impatience le prochain.
Technique : Bon enregistrement, pas de remarques particulières.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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