Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 20 janvier 2014
|
Genre : opéra Niccolò JOMELLI (1714 - 1774) / Armand de LESVIGNIERES (1725 - 1789) Venere abandonnata ou le Buisson amoureux (1749) Tragédie-lyrique en 3 actes inspirée de l’opéra de Jomelli Tiphaine Granvier (Venus), Eduardo Galliero (Mars), Pamela Henders (Gamèle), Anastasia Rosmirena (Mytoxe), Friedrich Ramken (servant de Pluton), Mike Thompson (un Buisson), Gert van de Vroemlinge (un Volcan). Chœur du département de musique ancienne de l’Université de Loretto Piccianello Orchestra barocca Magnificat anima mea Dominum Magnificat Direction Germain Alphonse Gonsart
702’, 3 CDs, Musica Molto Rara, 2011.
Un Buisson ardent Il est pas mal cet opéra façonné frenchie-style à partir du prolixe Jomelli. Pour autant, c’est pas l’extase et ça ne mettrait pas un triton sur orbite. Pourtant l’œuvre est alléchante, super obscure façon Cloaca Maxima sans lanterne. Un opéra méconnu de Jomelli, disparu depuis 1834 après un vol à la biblio de Dresde avant qu’on invente les portiques de sécurité, retrouvé dans une boîte d’Ovomaltine à Saint-Jean La Bretesche. C’est ce que dit en tout cas le sticker fluo et le livret traduit dans les 27 langues de l’Union européenne qui a financé ce projet un peu insensé quoique délectable. Les amateurs de la version originale créée le 29 février 1728 seront déglingués en découvrant que c’est la version françoyse de De Lesvignières de 1754 qui a été retenue (Manuscrit F°429 C de la BNF), et que les vers repris par le médiocre Gérard Mordin (1704 - 1791), infoutu de compter ses pieds et les 6 orteils avant césure, dévaluent l’intrigue suprêmement originale de Giaccomo Puttini, d’après l’Ovide métamorphosé du Tasse. Celle-ci conte, dans une vision d’un érotisme fulgurant, les tentatives de séduction de Vénus par le paladin Mytoxe, fiancé de Gamèle, qui se venge de son infidélité présumée en prévenant Mars. Venus n’a alors d’autre choix que de transformer le galant en buisson pour le protéger, mais un servant bien informé de Pluton à la solde du Dieu de la guerre crée alors un Volcan qui combat le Buisson et le blesse mortellement. On regrette que les charmes de l’ancienne danseuse exotique - et pulpeuse lauréate de la Star Academia - Anastasia Rosmirena ne soient pas visibles lors d'une captation discographique. Aussi sa présence se réduit t-elle à quelques trilles malmenés et la tessiture de baryton ne correspond absolument pas à ses moyens charmeurs. Heureusement, dès sa transformation en buisson à l’acte II, Mytoxe échoit à Mike Thompson (étrange pratique que de faire chanter un même rôle par deux chanteurs soit-dit en-passant), nettement plus aguerri, mais souffrant d’un micro grésillant, ce qui conduit à des absences momentanées de la ligne de chant qui permettent d'apprécier le continuo propulsé sur le devant de la scène. On distinguera au sein d'une équipe sous-dimensionnée la prestation honorable de Van de Vroemlinge dans la scène infernale du Volcan et sa cavatine redoutable "Que tremble la montagne ainsi que tous ici / Souffrez, brulez, crevez, c’est ici Pompeï" en dépit de reprises sur-ornées, et où l'abondance de trilles rend méconnaissable l'air populaire du Pont-Neuf "Suzon, ma mie" qui inspira De Lesvignières. L’accent italien très prononcé du Chœur du département de musique ancienne de l’Université de Loretto Piccianello ne s’avère guère gênant, et le chœur ponctue avec précision et à propos les moments clé, notamment le divertissement dit du "Bosquet de Feu", où les démons incendient une fontaine qui se transforme en char chimérique alors que le compositeur innove par un accompagnement de bassons en sourdines sans basse continue. Sous la poussée du percussionniste Germain Alphonse Gonsart qui assume avec virtuosité les parties de triangle et dirige depuis son bâton à pluie, l’Orchestra barocca Magnificat anima mea Dominum Magnificat - en dépit de son nom qui le confinait aux motets correspondant ce qui évitait d’avoir à se souvenir des paroles - se lance dans le répertoire profane avec un amateurisme déconcertant d’enthousiasme. Les pupitres illisibles mais colorés, le bandonéon intrusif au continuo (mais attesté par une mention manuscrite sur une partie d’alto dans le manuscrit du Fonds de la Bibliothèque nationale) contribuent à un climat champêtre et relaxant. En bref, voici une parution rare et remarquable, quoiqu’inégale, et qui comblera d'aise tous les mélomanes... et surtout les autres.
Technique : prise de son inexistante, tout autant que l'œuvre susmentionnée.
|
Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|