Genre : musique religieuse

Reinhardt KEISER (1674 - 1739)

Passion Music

"Ich liege and schlafe ganz mit Frieden"

"Wir gingen alle in der Irre"

"Seelige Erlössungs-Gedancken"

Capella Orlandi Bremen

Direction Thomas Ihlenfeld

79'24, coll. Musica Sacra Hamburgensis, CPO, distribution Codaex, 2010.

Jauchzet Dem Herren

Les psaumes de David au XVII° siècle en Allemagne du Nord

Dietrich BUXTEHUDE (c.1637-1707)

Dixit Dominus, Domino meo BuxWV 17

Klaglied

Samuel SCHEIDT (1587-1654)

Canzon Cornetto

Johann-Philipp FÖRTSCH (1652-1732)

Aus der Tiefe rufe ich, Herr zu dir

Julius Johann WEILAND (c.1605-1663)

Jauchzet Gott alle Lande

Matthias Weckmann (1616-1674)

Sonata a 4

Nikolaus Bruhns (1665-1697)

Praeludium und Fuge e-moll

Jauchzet dem Herren alle Welt

Christoph BERNHARD (1628-1692)

Aus der Tiefe rufe ich, Herr zu dir

Johan SOMMER (c.1570-1627)

O höchster Gott

Canzon a 4

Hans-Jörg Mammel, ténor

Ensemble La Fenice

Direction : Jean Tubery

68'22, Alpha 179, 2011, enregistré en août 2009 au Temple de Mariendrebber (Allemagne).

L’art du chant baroque

Hans-Jörg Mammel nous enchante dans divers répertoires allant jusqu’à un Voyage d’Hiver de Schubert incandescent. Le point commun entre toutes ses interprétations est une diction naturelle et claire, en un sens du texte communicatif. Un CD Buxtehude chez le même label Alpha a déjà fait référence. Avec Jean Tubery et La Fenice, les liens sont forts et cet enregistrement des vieux maîtres allemands, plus ou moins contemporains du grand Buxtehude, longtemps considérés avec condescendance, trouvent ici des interprètes de grande classe.

Loin de projeter victorieusement une voix de ténor aisée, riche, au timbre de miel, Hans-Jörg Mammel sait plier un timbre viril et sensuel à la sonorité des instruments avec qui il dialogue. Car il s’agit en fait de conversations musicales, dialoguant à égalité. Ainsi, des fâcheux pourraient craindre une technique de replis dans le masque avec affinement du timbre, acidité et perte de rondeur dans le premier Dixit Dominus. Certes, la voix est à peine reconnaissable, ainsi haut perchée, mais c’est pour mieux épouser la sonorité du violon de Stéphanie Pfister. Il s’en suit un dialogue exaltant. La voix, pleine d’harmoniques rares et émouvantes, fait ainsi tout son effet dans l’extraordinaire Klaglied de Buxtehude, pièce de deuil si emplie de spiritualité. Quel appui sur le texte, dit avec ampleur et art par une voix d’une grande richesse. Quelle capacité à alléger les aigus !

Les parties instrumentales décrivent cette sombre spiritualité en un dialogue des âmes. La technique, parfaite, est oubliée au profit du sens du message. Une très belle leçon de chant baroque arrivée en ses sommets émotionnels par des interprètes qui ont su se poser les bonnes questions et y répondre de manière convaincante, associant phrasé et nuances subtiles. Les pièces instrumentales au cornet, violon, alto, basson, orgue ou  clavecin, entremêlées aux  pièces vocales, sont des moments ravissants avec le même art du chant. Ce continuel dialogue entre voix et instruments fait merveille et la variété maintient un esprit curieux en éveil constant. La qualité de l’enregistrement est superlative et un texte passionnant de Hans-Jörg Mammel prouve les qualités de probité et d’humilité du chercheur musicologue.

Si ailleurs ou autrefois, ces maîtres allemands ont paru petits ; ici, leur art est rendu à son sommet par des interprètes magnifiques.

Technique : prise de son ample et généreuse.