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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique religieuse Carl Philipp Emanuel Bach (1614-1788) Matthäus-Passion, 1769 (La Passion selon Saint-Mathieu)
Jörg Dürmüller (Evangéliste, ténor), Deborah York (soprano), Klaus Mertens (Jésus, basse), Franziska Gottwald (alto), Orlanda Vekez Isidro (soprano), René Steur (basse).
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir Direction Ton Koopman
55’26 + 46’31, 2 CDs, ORF, 2002.
La Passion porte ses fruits
Première Passion que CPE Bach composa en qualité de Directeur de la musique de Hambourg, cette "SMP" a longtemps été décriée par les musicologues et les artistes. Ce dédain s’explique par une œuvre composite, dans laquelle CPE Bach a fait largement appel au procédé de parodie commun à l’époque, reprenant les chorals et chœurs des Passions de son père en les réorchestrant parfois, adaptant son propre Magnificat de 1749 pour le "Christus, der uns selig macht", s'inspirant de son contemporain Graun pour un duo. Juxtaposition de chœurs contrapuntiques, de récitatifs "à l'ancienne" et d'airs galants dans le style préclassique, cette Passion n'a évidemment pas l'impact et la force de celle du père. Plus humaine et plus directe, elle ne constitue cependant pas une œuvre médiocre de circonstance et frappe l'auditeur par sa relative cohésion et son langage encore profondément ancré dans la rhétorique baroque. Alors, oui, cette Passion-ci est un peu pressée. Elle l'est parce que les chorals et récitatifs durent souvent à peine 1 minute à 1 minute 30, avec 41 numéros trop brefs qui s'empilent, entrent presque en collision. Comme si le compositeur avait la manie du "zapping" ou de la bande-annonce, refusant de développer les morceaux, d'approfondir les sentiments, de fixer un climat ou une couleur. L'Amsterdam Baroque Choir, rompu aux chœurs de Bach puisqu'il a enregistré l'intégrale des cantates, a opté pour une vision plus ronde et plus mélodique que dans ses autres enregistrements, tirant insensiblement l'écriture contrapuntique du Père vers la mélodie précieuse du fils. Les solistes s'investissement aussi jusqu'au cou dans cette dégustation, où l'on ne peut jamais vraiment consommer le met. Les arioso sont beaux, les récitatifs très traditionnels. Il y a heureusement soudain, au sein de cet océan de frustration, de rares airs galants, hyper-développés et opératiques, qui rompent le rythme, arrêtent la machine à crucifier. Georg Dürmüller se montre déclamatoire et dramatique, le timbre assuré, profond et brillant dans un superbe arioso "Du, dem sich Engel neigen" et surtout dans l'air-phare "Wende dich zu meinem Schmerze" : 8'02 minutes de rêve mélodique, ample, puissant, qui emporte dans sa détresse l'auditeur bouleversé. Il y a aussi le duo de sopranos "Muster der Geduld und Liebe" où Déborah York et Orlanda Vekez Isidro rivalisent d'angélisme, fusionnant leurs voix troublantes assez similaires et caressantes. Les autres chanteurs - dont le Jésus pétri de bonté de Klaus Mertens - ont moins la place de s'exprimer puisque le compositeur ne leur a pas ménagé d'airs à effets. Enfin l'Amsterdam Baroque Orchestra demeure solide et discret, là encore en raison de l'écriture ramassée et économe de CPE Bach, qui fait toutefois sporadiquement appel au cor ou aux bois afin de colorer son discours. Ton Koopman livre une vision feutrée et douce, suggestive et pleine d'espérance d'une œuvre digne d'intérêt mais au souffle court, qui emporte tout de même nos suffrages pour quelques moments tout bonnement magiques. Pour amateurs avertis.
Technique : enregistrement précis mais froid.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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