Genre : musique de chambre
Heinrich Ignaz Franz von BIBER
(1644-1704)
Balletti & Sonates pour
trompettes et cordes
Clemencic Consort, dir. René
Clemencic
69'28, Oehms Classics, 2005.

Le Clémencic qu'on sort
Avouons
un secret douloureux : il ne suffit hélas pas de 7 musiciens dont
deux trompettistes, et d'un excellent compositeur pour faire un bon disque. Le
livret nous met en garde en précisant de manière sibylline que "dans ses
réalisations, René Clemencic est avant tout sensible au symbolisme du son, et
non à l'esthétique". Et en effet, rarement on aura entendu un enchaînement
aussi froid. Chaque barre de mesure s'abat avec académisme et
violence, écartelant la ligne mélodique, tandis qu'un orchestre rabougri et
individualiste, sans aucun liant et d'une justesse approximative, récite sa
litanie de manière clinique. Le choix de
Sonatae tam Aris quam aulis servientes,
que l'on avait connues multicolores sous la baguette de Manfredo Kraemer
(Astrée) se transforme en catafalque sec et blafard, ponctué par de brefs duos
de clarini d'une agressivité toute militaire. Que dire de plus sans
accabler trop notre poignée d'instrumentistes, sinon que la musicalité et la
poésie ne sont pas de vilains mots. A force d'intellectualiser sa lecture, René
Clémencic a méprisé toute cohésion et toute couleur orchestrale, ravageant
l'originalité de Biber et brouillant son écriture déjà florissante. Quant à la
représentation de "complexes sonores et tonals en tant qu'emblèmes acoustiques
et valeurs représentant des structures cosmiques" (sic) dont se targue le chef,
force est d'avouer que nous n'avons perçu de ces promesses célestes qu'un désert
aride et sans âme.