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20 janvier 2014

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Genre: musique de chambre

Jean-Sébastien BACH (1685-1750)

Six Suites pour violoncelle seul

Jean-Guihen Queyras (violoncelle Gioffredo Cappa 1696, montage moderne)

2'10 + DVD bonus, Harmonia Mundi, 2008.

Suites, sans fin

Nous serons brefs. Car il le faut. Car critiquer une énième version des Suites pour violoncelle de Bach peut rapidement virer au tableau synoptique comparatif. Voici déjà Casal, Tortelier, Rostropovich, Bylsma 1 et 2, Ter Linden, Gaillard, Cocset qui nous passent déjà à travers la tête. Alors, on essaie d'oublier. D'oublier tous les autres. Et de réécouter ces pièces, comme si de rien n'était, sans parti-pris. Sans se dire que les articulations diffèrent de notre version favorite, sans se demander pourquoi cet élève d'Anner Bylsma n'a pas enregistré les Suites sur un violoncelle baroque, avec un cordier baroque, une pique absente ou encore des cordes en boyau, d'autant plus qu'il a le bonheur de pouvoir jouer sur un bel instrument de 1696.

Ce qui distingue la lecture de Jean-Guihen Queyras, c'est son relâchement, son abandon, sa fluidité. L'archet du violoncelliste atténue la distinction entre les tirés et les poussés, enjambe les notes dans l'océan d'un phrasé ample, laisse peu de place à la respiration et aux silences. Les tempos mesurés évitent à l'ensemble de paraître trop pressé, donnent une certaine profondeur chantante et élégiaque. La Sarabande de la 1ère Suite est une lente invitation au voyage, à la lumière et au soleil, et poursuit sa course dans les Menuets suivants, plus rêveurs que dansants. Cette volonté de lire chaque suite comme un tout, de fondre les mouvements les uns dans les autres leur confèrent une unité monolithique, une cohérence nouvelle. En revanche, elle ôte l'individualité des pièces, les ruptures de styles et de tempos. Le caractère dansant d'origine est souvent complètement gommé au profit d'une tranquille balade. Le vibrato est utilisé de manière spartiate et à bon escient (on n'est pas élève de Bylsma pour rien), les arpèges gagneraient à être plus dynamiques, et les temps forts mieux marqués. Parfois, les graves ne sont pas bien définis, et sonnent un peu plats comme dans le Prélude de la 3ème Suite, d'ailleurs trop emmitouflé dans un confort agréable et bourgeois.

Les 6 Suites procèdent de la même veine, celle d'une beauté mûre, rieuse, assurée. Les Courante et Sarabande de la 5ème Suite exhalent un parfum de vacances, la Gigue de la 6ème Suite remue comme une digne damoiselle à l'escarpolette. Une élégance tempérée et d'un optimisme inébranlable souffle sur ces deux heures de Bach dont le nectar doux et agréable aurait pu être plus prononcé. Le talent de Jean-Guihen Queyras se retourne presque contre lui, car sous ses doigts les Suites semblent un jeu d'enfant, d'une facilité d'étudiant, sans l'excitation de la dangereuse virtuosité. Et finalement les mélomanes risqueront de retourner à des versions plus personnelles, aux choix interprétatifs plus âpres : le romantisme slave de Rostropovich (EMI), le crépuscule intense de Jaap Ter Liden (Harmonia Mundi), le baroque multicolore de Bruno Cocset (Alpha). Et nous avons perdu notre pari, de réécouter les Suites, comme si de rien n'était, sans parti-pris.

Marion Dammerey

Technique : enregistrement chaleureux, bien spatialisé, assez transparent.

 

 

 

Affichage minimum recommandé : 1280 x 800

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