Sonates et Partitas pour
violon seul, BWV 101 à BWV 106
Monica Huggett (violon
Antonius & Hieronimus Amati, 1618)
Virgin Veritas, enr. 1995-1996
Menuet I de la
Partita n°3
Le Crépuscule des Dieux
Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c'est
bien Monica Huggett qui joue : elle que l'on a connu si légère avec Ton Koopman,
radieuse avec Manfredo Kraemer... La violoniste traverserait-elle une crise de
déprime ? Armée d'un magnifique Amati à la sonorité charnue mais caverneuse et
grinçante, Monica Huggett aborde les Sonates et Partitas à la manière des
Sonates du Rosaire de Biber. Refusant toute mélodie facile, y compris
dans les pièces dansantes, elle écrase les doubles cordes, bouleverse les tempi,
laisse traîner les mesures avant de repartir sans crier gare. Sous son archet
ravageur, les Sonates et Partitas ne sont plus que douleur et dévastation. La
mélodie est parfois tellement brisée que l'on a peine à reconnaître ces œuvres
si connues. Mais la magie opère, car il y a une grandeur tragique inégalable qui
se distille au fil des morceaux et l'émotion est au rendez-vous. Pour une
version plus équilibrée, on préfèrera Lucy van Dael (Naxos) même si beaucoup ne
jurent que par l'antique Heifetz (1952).
Anne-Lise Delaporte
Technique
: prise de son très naturelle, épousant les contours, et très fidèle
aux timbres.