Genre: œuvres pour clavier
Jean-Henry d'ANGLEBERT (1635-1691)
Suites pour le clavecin
Frédérick Haas (clavecin)
79'52, Calliope, enr.
1995.

De la couleur
Frédérick
Haas possède une connaissance approfondie de la facture des instruments, et
des secrets de leurs réglages. C'est cela qui lui permet ce dialogue si
intime avec l'instrument. Car le clavecin de Haas est tout sauf métallique.
Sous ses doigts d'une précision jamais répétitive, l'écriture ciselée et
fort ornementée de D'Anglebert résonne avec l'amplitude de l'orchestre
lullyste, tandis que le claveciniste nous submerge de couleur. Peut-on
vraiment croire que l'intégralité du programme a été enregistré sur ce
clavecin Henri Hemsch de 1751 tant l'artiste parvient à tirer de sonorités
différentes de cet assemblage savant ? A la manière d'un peintre, Haas
sculpte chaque pièce comme un petit chef-d'œuvre. Le Prélude de la suite en
sol majeur est interprété avec majesté et lenteur, déployant sa royale
dalmatique avant que la musique ne se mue en doux murmure presque hésitant
lors d'une Allemande qu'on aurait cru aride. Certes, la Chaconne en rondeau
pourrait être plus dansante, de même que la Sarabande de la suite en ré
majeur. Mais ce n'est pas là l'optique de Frédérick Haas dont le discours,
toujours posé et intérieur, s'accommode plus de la réflexion et de
l'intériorité que de spectaculaires galanteries. Il y a du Scott Ross dans
cet homme-là, et ce n'est pas un mince compliment. Le disque s'achève en
apothéose sur la noble Passacaille de la suite en sol mineur, et le triste
Tombeau de Monsieur de Chambonnières.
Technique
: Enregistrement très ample, avec une légère réverbération, sans bruits
techniques du clavecin.