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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Bach - Vivaldi Stefano Montanari, Accademia Bizantina, dir. Ottavio Dantone
Stefano Montanari, Ottavio Dantone - D.R.
Jean-Sébastien Bach Sonate pour violon et clavecin n° 3 en mi mineur BWV 1016
Concerto pour violon, cordes et basse continue en sol mineur n°3 op. 3 Les Quatre Saisons op. 8
Stefano Montanari, violon Accademia Bizantina Direction Ottavio Dantone
28 janvier 2009, Théâtre des Champs Elysées, Paris
Bizantin et mieux qu'académique Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, on doit notamment à l'Accademia Bizantina - ensemble baroque de Ravenne - un lumineux Tito Manlio de Vivaldi (Naïve) et un Estro Armonico joueur plus ancien (Arts). Tout récemment, cet ensemble transalpin s'est également essayé dans de décenvants Concertos pour clavecin de Bach (Decca). Mais c'est avec plaisir que l'on retrouve le style clair, très rythmé, espiègle et virtuose qui caractérise l'Accademia, digne de figurer en bonne place parmi ses augustes consœurs italiennes telles Il Giardino Armonico, Europa Galante ou le Venice Baroque Orchestra. Il faut avouer que la soirée débuta d'une affreuse manière, la sonate n°3 pour violon et clavecin de Bach défigurée par l'archet scolaire et haché de Stefano Montanari que l'on connaissait pourtant pour ses prestations avec les Talens Lyriques. Le souffle est métronomique, les défauts d'intonation nombreux plaqués à une sonorité grinçante, poreuse, d'une justesse malhabile, où seul le quart de la valeur de chaque note est réellement audible. Les tentatives de glissando, déplacées dans le vocabulaire bacchien achèvent de conférer au contrepoint un côté geignard que le clavecin ductile et aéré d'Ottavio Dantone, d'une lisibilité exemplaire, ne parvient hélas pas à sauver. On se blottit alors dans son fauteuil rouge, en levant les yeux vers la coupole éteinte du bel hémicycle, en priant pour que Vivaldi ne subisse pas le même supplice que son collègue teuton. Et le miracle eut lieu. Dès les premières mesures du Concerto n°3 de l'Estro Armonico, où nos deux solistes sont rejoints par le reste de l'Accademia (noyau de cordes debout à l'italienne), le violon de Stefano Montanari est transfiguré. S'agissait-il d'un problème technique résolu, d'un retour de l'inspiration, d'une incursion en terrain connu ? Qu'importe, le soliste expansif et libéré se livre à un assaut spectaculaire de virtuosité, dénotant une magistrale diversité des coups d'archet particulièrement visible dans les reprises. Le duel est presque inégal entre ce dernier et Stefano Rossi, le second violon, qui lutte avec courage mais conformisme contre l'inventivité renouvelée de la mélodie et des ornements d'un Stefano Montanari décidément en forme olympienne. L'Accademia Bizantina n'est pas en reste, révélant une précision des attaques taillées à la serpe, alliée à des crescendos par larges paliers rebondis. On regrettera que le jeu physique et théâtral de Montanari et ses excès d'improvisation constants volent un peu la vedette au reste des artistes, Dantone y compris, même si c'est une joie que de voir le violoniste se contorsionner sur scène, lever le pied en l'air, battre la mesure de son archet lors de ses moments de repos. C'est ainsi que le Largo croule sous une surabondance toute baroque de trilles, appogiatures et autres cadences assenées avec goût... Le rare Concerto pour violon et orgue RV 541 a permis à Ottavio Dantone de démontrer à nouveau la ductilité d'un langage mélodique détaillé à l'extrême, où le contrepoint devient limpide. Si l'Allegro offrit un joli dialogue de timbres entre le violon chaleureux de Montanari et l'orgue sensuel de Dantone, c'est dans un Grave très poétique, flânant entre les entrelacs d'un orchestre en apesanteur, que l'auditeur s'est abandonné à un hédonisme sonore d'une pureté éclairante. Enfin, les trop célèbres Quatre Saisons furent interprétées avec originalité et fougue, bien que certains partis-pris soient quelque peu surprenants tels l'Allegro non molto de l'Estate étrangement amolli, ou encore l'excitant mais narcissique cadence de clavecin de l'Autunno. On louera en revanche sans réserve l'improvisation permanente du continuo et des solistes, la cohésion impressionnante de l'orchestre, un sens du drame et des ruptures de ton qui maintient sans cesse les sens en éveil. Et à l'issue de la représentation, on se demande où ces diables d'Italiens parviennent à puiser autant d'énergie. Bravissimo !
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