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6 janvier 2014

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Chronique Concert

Vivaldi, récital Sara Mingardo

Venice Baroque Orchestra, dir. Andrea Marcon

 

 

Sara Mingardo - D.R.

 

 

Antonio Vivaldi

Sinfonia en ut majeur pour cordes et basse continue RV.114
Concerto en sol mineur pour flûte, cordes et basse continue « La Notte » RV.439
Stabat Mater
Concerto pour 2 violons en sol majeur RV.516
Concerto pour flûte à bec en ut majeur RV.443
"Cessate, omai cessate" Cantate pour contralto, cordes et basse continue RV.684

Sara Mingardo (contralto)

Venice Baroque Orchestra

Andrea Marcon, direction

18 novembre 2009, Théâtre des Champs-Elysées, Paris

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Une victoire de la musique.

Il est certains concerts qu’on pourrait commenter à la manière d’un match de foot, tant ils se révèlent inattendus, imprévisibles, et plein de rebondissements.

Le TCE devait en effet accueillir, en ce 18ème jour du mois de Novembre, un récital de Magdalena Kozena, le soir même où la France jouait contre l’Irlande sa qualification au Mondial de foot de 2010. C’est dans cette atmosphère électrique qui précèdent les soirées de match, que par un malheureux hasard, la mezzo-soprano tchèque se trouva indisponible ; et ce fut la contre-alto Sara Mingardo qui fut choisie pour jouer les remplaçantes de prestige, toujours aux côtés du Venice Baroque Orchestra (que la Muse ne vous présente plus).

Tout comme le fan transi de l’équipe de France appréhenderait le remplacement inopiné d’un Ribéry par un Flamini, on redoutait que ce remaniement de dernière minute, allié à changement tactique dans le programme (remplacement d’un air de l' Orlando Furioso par le Stabat Mater), ne porte atteinte à la cohérence de l’interprétation des artistes. La prestation assez peu inspirée du VBO dans la Sinfonia en Ut majeur ne fît que confirmer ces craintes de la Muse : violons grinçants, luth noyé sous une masse de cordes envahissants, Andrea Marcon, capitaine du VBO, n’avait pas l’air au mieux de sa forme. Légers progrès sur le Concerto en sol mineur pour flûte traversière, bien que l’on regrettât la sobriété un peu trop froide de la flûte de Michele Favaro ; le dernier allegro fut cependant l’occasion pour le VBO de retrouver quelque peu l’enthousiasme et la cohésion qui font habituellement sa force d’interprétation - en particulier, on saluera les très belles basses emmenées par les violoncelles.

Toute de velours vêtue, Sara Mingardo, entonnant le superbe Largo "Stabat Mater Dolorosa", sembla retourner l’atmosphère de la soirée, de par son interprétation emprunte d’une gravité religieuse- pour ne pas dire austère-, qui, le premier mouvement de surprise passé, se trouvait somme toute fort bien assortie à son timbre naturellement cuivré et très légèrement nasal. Hormis quelques très rares essoufflements, elle fut tour à tour lumineuse dans l’Andante "O quan tristis", aérienne dans le "Quis non posset", voire même inspirée dans le Largo "Eja Matter, fons amoris", pour lequel on retrouvait, rassuré, un Andrea Marcon subtil et délicat dans la douceur de la pluie de cordes qui accompagnait la chanteuse.

Après une mi-temps au cours de laquelle toute l’équipe pu se ressaisir, le VBO et la contre alto devaient encore parvenir à nous surprendre. Par son programme tout d’abord : après la relative fadeur du Sinfonia, le Concerto pour 2 violons fut assez réussi- sans dénigrer le travail d’équipe, on notera toutefois au passage que le second violon se montra nettement plus passionné, offensif, "italien" au sens français du terme, que le 1er : à signaler également, l’excellente prestation, dans un style quasi flamenco, du luth dans le dernier mouvement allegro.

Mais surtout, l’incroyable prestation d’Anna Fusek dans le concerto pour flûte à bec constitua sans nul doute l’électrochoc de la soirée. Scintillante, malicieuse, virtuose, nette et précise dans ses attaques, et naturellement mise en valeur par une partition avantageuse, la flûtiste-violoniste (sortie des rangs des seconds violons pour l’occasion !), conquit l’auditoire en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire, de par le son d’une pureté quasi électronique de son instrument.

Pour clore la soirée, la cantate "Cessate, omai cessate" fit apparaître une Sara Mingardo méconnaissable, dans une interprétation de cantatrice d’opéra façon tragédienne lyrique. Très impressionnante dans son interprétation théâtrale - regardant le public en face avant de déclamer "Morire potro"-, la contre-alto se surpassa dans les ornementations, accompagnée par un VBO au mieux de sa forme.

Le magnifique bis du concert (issu de l’Olympiade de Vivaldi, salué par un grand "merci !" échappé du public) fut l’occasion de conclure cette soirée pleine de rebondissements avec une certitude : s’il y eut un vainqueur ce soir-là, ce ne fut ni l’Irlande, ni la France, mais sans aucun doute l’Italie vivaldienne.

Anne-Lise Nguyen

Théâtre des Champs Elysées : www.theatrechampselysees.fr

Jeanine Roze Production :  www.jeanine-roze-production.fr

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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