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6 janvier 2014

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Chronique Concert

Vivaldi : les Quatre saisons et autres concertos

 

© Annemie Augustijns

 

Les Quatre Saisons

« La Follia », sonate op. 1 n°12 en ré mineur RV 63 pour deux violons et basse continue

Il Gardellino (Le Chardonneret), Concerto pour flûte à bec en ré majeur RV 428

Concerto en ré majeur pour violoncelle et cordes RV 403

Concerto pour flautino en ut majeur RV 444

 

 

La Petite Bande. Solistes : Sara Kuijken, Makoto Akatsu (violons solo), Peter Van Heyghen (flûte à bec et flautino, Benjamin Alard (clavecin), Sigiswald Kuijken (violoncello da spalla et direction)

 

 

Jeudi 5 juin 2008, Musée des Beaux-Arts, Nantes

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Une année sans soleil

Le concert s’annonçait mal dès l’entrée : le programme, habituellement soigné, arborait dès la couverture une énorme coquille et titrait "Les Quatres Saisons". À notre entrée dans la salle du concert, salle bien connue des festivaliers, il faisait une chaleur à la limite du supportable – imaginez ce que ce put être à l’entracte. Du coup, dès les premières notes du Printemps, les instruments ont sonné faux, et ce problème de justesse, récurrent pendant toute la soirée, nous a sans cesse gâché notre plaisir. Dans les Quatre Saisons, Sara Kuijken s'est révélée non seulement trop haute par rapport à ses accompagnateurs de La Petite Bande, mais, de plus, la technique de la violoniste semblait parfois insuffisante pour surmonter toutes les difficultés du cycle vivaldien, probablement en raison du trac lié à son instrument désaccordé. Et cette chaleur qui n’améliorait rien, ni au trac, ni à l’accord...

Quand on parvenait à se concentrer sur la musique, on n’en ressentait que plus tristement la déception : cette lecture promettait d’être délicate et subtile, sans doute poétique, sans la violence à laquelle les amateurs de Vivaldi ont été habitués par l’ensemble Matheus et autres consorts fougueux. On aurait pu entendre un Vivaldi chantant, et non pas frappant. En contrepartie, on s'attendait à une interprétation un peu terne, qui sentait son Nord. Mais ce soir-là, la lecture fut inégale et quelque peu énigmatique. Pour prendre un exemple précis, dans l’Hiver, au mouvement lent, la pluie était magnifiquement rendue (Mentre la pioggio fuor bagna ben cento, « Pendant que la pluie en mouille bien cent dehors »). Mais où diantre était passé le sentiment de « Passer des jours tranquilles et heureux auprès du feux » (Passar al foco i di quieti e contenti) du vers précédent (cf. le sonnet correspondant au concerto) ? De même, pourquoi avoir transformé tel mouvement lent bien connu, plein de dissonances aux cordes, en solo de clavecin ?

La deuxième partie du concert s’est avérée plus intéressante. Sara Kuijken s’est vue relayée au premier violon par Makoto Akatsu qui nous a donné dans La Follia un peu trop de ce qui manquait aux Quatre Saisons : du démonstratif. Que d’ornements ! Et quel brillant ! Il faut noter aussi que le musicien avait récemment été victime d’un problème de violon, qui l'avait obligé à reprendre un instrument moderne pour le monter avec des cordes en boyau. Malgré tout, cette Follia avait largement de quoi séduire. Le cas du concerto Il Gardellino (Le Chardonneret) fut tout à fait typique de cette soirée : d’un côté, un flûtiste virtuose nous a fait réellement entendre ce charmant petit oiseau. De l’autre la Petite Bande, assez empesée, manquait cruellement de légèreté.

Le concerto suivant était fort attendu, puisque l'on y entendrait plus le fameux violoncello da spalla (violoncelle d'épaule) dont Sigiswald Kuijken nous avait parlé après l’entracte. Un peu plus, mais point trop hélas, l’acoustique de la salle n’aidant guère cet instrument au son hybride, entre l’alto et le violoncelle traditionnel au son agréable et chaud et dont la technique paraissait plus à même à satisfaire les exigences de Vivaldi que celle du jeu "normal" à la verticale. Cette adéquation entre l'instrument et la partition avait déjà été remarquée dans les basses continues que notre spalliste pionnier avait magnifiquement jouées avec son complice Benjamin Alard au clavecin.

La dernière pièce, un concerto pour flautino, a été la plus remarquable. L’orchestre répondait admirablement à la sonorité émouvante de cette minuscule flûte à bec et s'abandonnait enfin au lyrisme. Certes, quelques aigus furent quelque peu douteux, mais le faible que le journaliste éprouve pour ce flautino le conduisit facilement à oublier ces anicroches. Et de toute manière, il faut garder à l'esprit que les doigts de Peter Van Heyghen devaient glisser en raison de l'abominable chaleur.

En définitive, le concert ne fut pas à la hauteur des attentes qu'il avait suscité. Peut-être était-ce dû à la température trop élevée qui rendait extrêmement ardu le jeu de la Petite Bande dans un répertoire qu'elle affectionne pourtant depuis bien longtemps (cf. les enregistrements Sony Séon des concertos pour violon et flûte de Vivaldi). Dans sa brève présentation du violoncello da spalla, Sigiswald Kuijken a fait de nombreuses allusions à J. S. Bach et à son entourage. Si l'on nous permet un avis tout personnel, c’est peut-être dans ce répertoire que La Petite Bande donne le meilleur d’elle-même, et il suffira de réécouter l’un des récents disques de cantates du Cantor pour s’en convaincre.

 

Loïc Chahine

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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