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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Vivaldi, Juditha Triumphans Romina Basso Venice Baroque Orchestra, dir. Andrea Marcon
Romina Basso - D.R.
Antonio VIVALDI
Juditha Triumphans
Romina Basso, Juditha
The Nederlands Youth Choir, direction Wilma ten Wolde Venice Baroque Orchestra
Andrea Marcon, direction 27 mai 2009, Théâtre des Champs Elysées, Paris. Un triomphe pour Judith C’est une Muse bien lasse, malade, épuisée par l’éternelle grisaille parisienne, qui se traînait ce soir là au Théâtre des Champs Elysées, invitée à écouter une Judith Triomphante qui, pour être honnête, aurait mérité un auditoire aux a priori plus enthousiastes que ceux d’une Muse mollement éveillée. Le TCE réunissait en effet pour cet Oratorio de Vivaldi le très italien Venice Baroque Orchestra au Netherlands Youth Choir, afin d’accompagner les cinq voix féminines de cette œuvre oscillant entre thématique sacrée et amour profane. D’entrée cependant, notre Muse fut conquise par la prestation du Venice Baroque Orchestra, dont la fraicheur enthousiaste se prêtait fort bien au guerrier "Arma, Caedes, Vindictae, Furores", nonobstant les vivifiantes trompettes, qui auraient bien méritées d’être davantage mises en valeur. Aux côtés du pétillant orchestre italien, le délicat ensemble du Netherlands Youth Choir apparaissait par contraste un peu effacé - on regrettera notamment des sopranes à peine audibles. Mary-Ellen Nesi semblait quant à elle visiblement plus à l’aise pour chanter la tendresse d’une déclaration d’amour dans le très beau "Noli o cara te adorantis" qu’une harangue aux soldats dans le "Nil arma, nil bella". La mezzo-soprano campait, de manière assez inégale, un Holoferne touchant, qui tenait plus de l’amant transi que du héros de guerre de par son timbre féminin et la souplesse de la ligne mélodique. A ses côtés, la soprano québecoise Karina Gauvin, prompte à susciter l’enthousiasme du public, incarnait un Vagaus à la fois étonnement féminin et puissant, faisant montre d’une très belle virtuosité, notamment lors des vocalises de l’époustouflant "Armatae face, et anguibus". Mais du concert de ce soir-là, votre ingrate Muse ne retiendra sans doute que l’extraordinaire prestation de Romina Basso dans le rôle phare de Judith ; la mezzo-soprano italienne (que nos lecteurs auront croisé dans son récital vivaldien au disque chez Naïve), hantée par son rôle, avait visiblement pris le parti d’incarner une Judith mystique, inspirée, vengeresse, peut-être un peu prude, définitivement plus Antigone que Salomé. Il est vrai que l’oratorio de Vivaldi, écrit à l’intention des jeunes filles pensionnaires d’un Hospice de Charité de Venise, était censé célèbrer le modèle de vertu féminine que représente Judith…De son timbre original, maîtrisé ; de sa diction parfaitement articulée, parfois même tranchante ; de son souffle impressionnant, la mezzo chanta tour à tour l’amour de la patrie en danger, les affres du cœur tourmenté, le flétrissement de la beauté fugace, avec un égal talent ; son vibrant "Quanto Magis generosa" en particulier, eût tiré des larmes à une pierre, si le très beau premier violon du Venice Baroque Orchestra n’avait toutefois su dédramatiser le bel Aria par quelques problèmes de justesse (qu’on lui pardonnera aisément, eut égard notamment à son évidente complicité avec la mezzo-soprano). Face à cette Judith véritablement triomphante, Marina Comparato faisait preuve d’une belle présence dans le rôle de la confidente Abra, compensant ses aigus un peu trop vibrants par une vivacité d’interprétation appréciable. Enfin, Alessandra Visentin, à la voix hélas nasale et pincée, s’accommodait somme toute plutôt bien d’un Ozias assez austère. C’est donc le cœur léger et délicieusement conquise par cette Judith de toute beauté, que la Muse Baroque quitta ce soir-là le TCE. Plus que jamais convaincue que Vivaldi est l’antidote définitif à la morosité parisienne…
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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