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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert
Arie di bravura du castrat Cafarelli, Max Emanuel Cencic, I Barocchisti, direction Diego Fasolis
Max Emanuel Cencic - D.R.
Haendel à l’opéra L’art virtuose des castrats : aria di bravoura du castrat Cafarelli
Max Emanuel Cencic, contre-ténor
I Barrocchisti Clavecin et direction Diego Fasolis
22 mars 2010, Galerie des Glaces, Château de Versailles Avis de tempête à Versailles A quelques encablures de la parution de ce même récital chez Virgin, Max Emanuel Cencic a investi de son charisme et de sa projection étourdissante les girandoles de la Galerie des Glaces versaillaise, dont on s’étonnerait presque qu’elle tient encore sur ces pilastres marbrés après l’ouragan virtuose qui a déferlé ce soir-là. Cette tempête est due à deux facteurs principaux : d’une part la direction incisive et cinglante de Diego Fasolis ; d’autre part la prestation mémorable de l’ex-sopraniste, désormais contre-ténor. La soirée débute par l’Ouverture de Faramondo, bien reconnaissable des mélomanes ayant déjà assisté aux concerts précédents et qui chérissent le disque (Virgin). Les cordes charnues puissamment ancrées dans les graves d’I Barrochisti, la sécheresse brutale des articulations entrouvrent la porte dramatique d’une scène ivre de sang et de fureur, flagellation où l’hédonisme musical cède la place au déferlement sombre des passions. C’est sur ce substrat crépusculaire, d’un dynamisme insoutenable que Max Emanuel Cencic va tour à tour camper une myriade de personnages et d’affects. Altier et assuré, d’une maîtrise technique sans peur et sans reproche, le contre-ténor s’est avéré encore un peu timide dans les deux premiers airs, sensibles et un peu retenus : une "Bella Asteria" de soupirant hésitant, un "Benché mi sprezzi" aux redoutables coloratures presque nonchalamment lancées. Et puis, après une Ouverture en sol mineur duquel on retiendra la large et majestueuse Passacaille, rien ne va plus, et les dés sont allégrement jetés, le Rubicon franchi avec élan. Le "rival te sono" n’est que bouillonnement jubilatoire, à la fois du côté des Barrochisti effrénés et de Cencic qui triomphe de ce pari risqué qui mériterait un retrait de permis pour excès de vitesse. L’ "Ombra cara" extraite de Radamisto, très attendue, est délivrée sur un tempo un peu trop vif par Fasolis, très inspiré au clavecin, que compensent les sonorités suggestives et menaçantes de l’orchestre. Cencic s’y montre superlatif, avec de subtils sons tenus et un extrême-aigu poignant que dissipent les cavalcades héroïques du redoutable "Sorge nell’anima mia" où le tonnerre et la foudre du livret sont parfaitement rendus par un orchestre toujours aussi robuste et frémissant, et un soliste encore une fois confondant de virtuosité, avec une once de dandysme. Le "Se bramate" de Serse - parfois considéré comme une caricature ironique d’air de fureur écrite par le Caro Sassonne himself – est du même acabit, la bourrasque s’abatant sur nos têtes ravies avec une constance et une force de projection admirables. Le concert se conclut un "Se ben lusinga" rieur mais pressé. "Se conclut ?", ce serait méconnaître le succès remporté auprès du public et les deux bis extraits d’Agrippina et Faramondo qui ont permis de prolonger quelques instants le plaisir de cette soirée qu’il n’est pas excessif de qualifier de superbement déchaînée.
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