Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 6 janvier 2014
|
Chronique Festival Henry Purcell, The Fairy Queen Académie de Musique ancienne du festival du Périgord Noir, dir. Michel Laplénie
© ChDM pour Muse Baroque, 2009
Henry Purcell (1659-1695)
The Fairy Queen Semi-opera in five acts, livret anonyme, 1692.
L’Académie de Musique Ancienne : Caroline Arnaud, Judith Derouin, Alice Kamenezky, Sophie Michaux, Michiko Takahashi (soprani), Rodrigo Ferreira, Julien Marine (contre-ténors), Etienne Garreau, Guillaume Gutierrez (ténors), Cyril Costanzo, Jérémie Delvert (basse).
Alix Boivert, Adrien Carré, Anaïs Lozac’h, Florian Verhaegen, Katia Veil (violons), Jennifer Lutter (alto), Claire Caron, Douglas Patterson (hautbois), Julia Boucaut, Aline Théry (trompettes), Grace Milandou (flûtes), Isaure Lavergne (flûtes et basson), Justin Glaie, Ondine Lacorne-Hebrard (violes de gambe), Sara Avent, Nicolas Verhoeven (violoncelles), Fabien Brandel (théorbe), Aurore Basssez (percussions), Benoît Babel, Kana Futagami, Takuya Nemoto (clavecins et orgue)
Mise en espace d’Henry Dupont Costumes : Henry Dupont, Anne Chambon, Elisabeth Cerqueira. Responsable du chant et du continuo : Yvon Repérant Responsable des cordes : Simon Heyerick
Direction Michel Laplénie.
Abbaye de Saint-Amant-de-Coly, 8 et 9 août 2009, dans le cadre de la 27ème édition du Festival du Périgord Noir, 27e édition. “Let the Fifes, and the clarions, and shrill Trumpets sound, / And the Arch of high Heav’n the Clangor resound” (acte IV)
Mais votre serviteur fidèle, critique impavide, ne s’est pas laissé gagner par tant de jeunesse éclatante, et a fait son travail avec le plus grand professionnalisme. Ce qui ne l’a pas empêché d’être conquis immédiatement, séduit, happé par cette magnifique production, heureusement portée par la belle acoustique de l’église, production qui aurait bien plus de raison de figurer sur les plus grandes scènes musicales parisiennes que bien des spectacles qui parfois ne lassent pas de nous désoler. A commencer par la mise en scène pourtant simple d’Henry Dupont, emplie de costumes éclatants et beaux (retenons surtout celui de Phoebus, que n’aurait pas refusé Louis XIV dans Le Ballet de la Nuit), inspiré du théâtre baroque. Pas de remplissage inutile, pas de faibles chorégraphies pour meubler les ballets, mais un profond respect de la musique et du texte, et une prise en compte de l’espace qui était à disposition, se permettant des entrées et sorties par l’allée centrale — y plaçant même deux sopranos et une basse pour le chœur final, dont toute l’église s’est trouvée submergée avec grâce. Et surtout, l’on sent un véritable enthousiasme chez les chanteurs à se plier avec espièglerie et délice à cette mise en scène. Mais bien sûr, que serait une mise en scène d’opéra réussie, si l’orchestre n’y mettait pas du sien ? Encore une fois, le plaisir de jouer est évident, palpable, non seulement agréable, mais presque noble. Sous la baguette subtile et enlevée de Michel Laplénie, les notes volent, fusent avec légèreté et délicatesse — que dire de l’air du Sommeil à l’acte deux (le fameux ‘Hush, no more…’, repris ensuite par le chœur), d’une mesure parfaite, dont les silences qui le ponctuent, au lieu de le rendre pesant comme c’est parfois le cas, au contraire, l’emplissaient d’une belle tension, qui nous tenaient en haleine, attendant pantois la suite? —, les académiciens (qu’il nous semblait nécessaire de tous nommer plus haut, au même titre que les solistes chanteurs) nous régalent d'une énergie bouillonnante, faisant montre d’une cohésion profonde. Des violons très doux, suaves (notamment dans la danse des fées acte II), parfois pleins d’allant et piquants (marche en ouverture de l’acte quatre, alors portés aussi par les trompettes et la timbale entraînante d’Aurore Bassez), tenus sur une ligne, sont soutenus par un magnifique continuo, dominé par les cordes — les clavecins étant d’une discrète présence. Si l’on se surprendra à déplorer le peu de théorbes, instrument représenté par le solitaire Fabien Brandel, qui prend toute sa place dans l’air de la Plainte dans l'Acte V, soutenant avec grâce un tendre et émouvant solo de viole de gambe (Ondine Lacorne-Hebrard dans la représentation du huit août, Justin Glaie dans celle du lendemain), l’ensemble du continuo a une belle ampleur, tout en étant chargé de la même délicatesse que le reste de l’orchestre, qu’il sait parfois entraîner avec force quand il le faut. Le basson d’Isaure Lavergne ponctue subtilement avec rondeur les hautbois dans le Hornpipe concluant le troisième acte, tandis que Nicolas Verhoeven, aux soli continuistes du violoncelle, amène une agréable énergie. Mais, surtout et par dessus toutes leurs qualités individuelles, les continuistes ont une parfaite écoute des chanteurs, qu’ils soutiennent avec générosité.
© ChDM pour Muse Baroque, 2009 Du côté des solistes vocaux qui viennent justement d'être évoqués, il est tout aussi difficile, comme pour les musiciens, de les hiérarchiser, et nous devrons nous contenter de les présenter dans l’ordre de leurs voix, de haut en bas. Caroline Arnaud, est la première à prendre la parole, dans le duo avec la basse ‘Come, come, come, come…’. Mais surtout elle nous gratifia d’un superbe air de la Nuit dans l’acte II avec un timbre très pur, clair. Une voix légère, aux confondantes harmoniques aigues. Confondantes harmoniques dont Alice Kamenezky (la première fée et le Printemps) est, elle non plus, loin d’être dépourvue. Sa voix, qui porte magnifiquement, n’est d’ailleurs presque qu’en magnifiques harmoniques, haute, dégagée, souple et ouverte, et d’une étonnante suavité. Mystère intriguant au deuxième acte (là encore, louons le costume), mais surtout pathétique Plainte, Michiko Takahashi, est dotée d’une voix cristalline, pure, et grandement poignante. D’une simplicité tout à son honneur, sans pathos débordant, sa Plainte était d’une grande beauté triste, en accord avec le continuo déjà loué. Si les quatre voix médianes d’alti et ténors nous ont également enchanté, toutes claires et dégagées — le duo de contre-ténors (Julien Marine et Rodrigo Ferreira) ‘Let the Fife and Clarion’ s'est révélé du plus bel effet, les deux voix s’épousant dans une agréable symbiose, tandis que l’Automne d’Etienne Garreau était très ouvert et fluide, avec une belle haute voix aérienne —, nous déplorerons cependant le peu de soli dont ils ont bénéficié, qui rend moins aisée leur apologie. Cependant que Jérémie Delvert, baryton-basse hilarant en Poète ivre au premier acte, a révélé un timbre dégagé et clair en Hiver trois actes plus tard. Un Hiver émouvant et, osons le mot, beau.Mais au sein de toutes ces voix délicieuses, celle de la basse Cyril Costanzo a particulièrement happé votre humble subalterne. Dès son entrée en Sommeil à l’acte deux, sur la fin de l’air du Secret, sa forte présence scénique nous a intrigué. Puis, son premier ‘Hush’ et mi bémol entamés, tout semblait avoir miraculeusement disparu autour de nous, saisi que nous étions. Montant avec souplesse et aise, descendant avec ampleur et profondeur, sa voix, presqu’inhumaine, est toujours sur un fil, jamais relâchée, étroitement uni avec l’orchestre déjà loué pour ce moment miraculeusement magique. C’est donc plus que conquis que nous applaudîmes longuement un spectacle, que nous espérons pouvoir acclamer de nouveau un jour, car il mérite de nombreuses reprises à travers nos vastes et belles contrées françaises et navarrines.
|
Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|