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mise à jour 8 mai 2014
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Chronique Concert Desrousseaux, Hippolyte et Aricie, ou la belle-mère amoureuse, Parodie inspirées de Jean-Philippe Rameau,
Ensemble Philidor, dir. Mira
Glodeanu
Raphaël Pichon © Jean-Baptiste Millot -©-Teatru-Manoel-Photocity-9
Hippolyte et Aricie, ou la belle-mère amoureuse Parodie pour chanteurs et marionnettes, d'après les parodies de Favart, Riccoboni et Romagnesi inspirées par l'opéra de Jean-Philippe Rameau (1733).
Solistes Marie Lenormand (Phèdre), Philippe-Nicolas Martin (Thésée)
Conception et mise en scène : Jean-Philippe Desrousseaux Décors : Antoine Fontaine Lumières : François-Xavier Guinnepain Conseiller théâtral : Françoise Rubellin Scénographie et sculpture des marionnettes : Petr Rezac Peinture et costumes des marionnettes : Katia Rezacova Adaptation et transcriptions musicales : Benoît Dratwicki Marionnettistes : Gaëlle Trimardeau, Bruno Coulon, Jean-Philippe Desrousseaux
Orchestre Ensemble Philidor : Violon : Fiona Poupard Alto : Joan Herrera Violone : James Munro Flüte : Georges Barthel Hautbois : Emmanuel Laporte Clavecin : Paolo Zanzu Direction et violon : Mira Glodeanu
Production du Centre de Musique Baroque de Versailles, en co-production avec le Teatro Manoel (Malte), l'Opéra de Vichy et le théâtre Montansier (Versailles)
Représentation du 29 mars 2009 à l'Opéra Comique Rameau dans tous ses états Comme de nos jours, la parodie était au XVIIIème siècle le signe d'un indéniable intérêt des contemporains pour l'oeuvre originale. La parodie musicale avait en outre la vertu de rendre accessible à un plus large public les productions commandées pour l'Académie royale de Musique ou la Cour. Peu après la création de son premier opéra, Hippolyte et Aricie, Rameau a été repris, notamment par le célèbre Favart. Et c'est d'ailleurs la salle éponyme qui accueillait l'autre soir à Paris cette parodie pour marionnettes, réinventée à partir des manuscrits de Favart, Riccoboni et Romagnesi. Le public ne s'y était pas trompé, qui comprenait nombre de jeunes têtes blondes qui ne fréquentent pas habituellement les salles lyriques : l'intention populaire avait dès le départ touché son public. Mais l'amateur chevronné y trouvait aussi rapidement son compte, grâce à d'habiles évocations des principaux airs de l'opéra original, des clins d'oeil parodiques (comme l'irrésistible pseudo "prononciation restituée" utilisée par Diane, avec ses liaisons "mal-t-à propos"), mais aussi une exécution musicale soignée s'appuyant sur l'Ensemble Philidor, et deux chanteurs aux indéniables talents lyriques et théâtraux. Sur la petite scène du théâtre de marionnettes, les actes défilent selon le canevas originel. Mais les airs lyriques se mêlent aux danses populaires, et la servante Oenone a vite traduit dans les termes les plus crus les méandres de cette intrigue aux relents d'inceste. Les marionnettes peuvent d'ailleurs se permettrent des attitudes très explicites, qui n'auraient certainement pas été admises avec des acteurs de chair et d'os, n'hésitant pas à se chevaucher de manière grossièrement obscène, sous les éclats de rire du public. Le sommet de la parodie réside probablement dans le grand acte des Enfers, qui accueille une scène de ménage entre Thésée et sa première épouse Tisiphone, un anachronique (mais tellement à propos !) emprunt à Gluck de l'air "Divinités du Styx", et l'air de "frères Jacques" pour conclure le trio des Parques ! Comme sur les vraies scènes lyriques de l'époque, les décors changent à vue, des fumigènes embrument l'acte des Enfers ; deux "machines" (à tonnerre et à vent) encadrent l'orchestre. L'enlèvement de Thésèe par Neptune donne lieu à un épique combat dans les airs avec un monstre marin ridiculement menaçant. Bref la mise en scène est totalement jubilatoire, et le public ne s'y est pas trompé, qui a chaleureusement applaudi ces trouvailles et ri aux bons mots des dialogues. L'aspect musical n'était cependant pas en reste. Malgré sa formation réduite, l'Ensemble Philidor restitue de manière très convaincante les riches sonorités de la musique de Rameau, y compris dans les parties purement instrumentales, comme l'ouverture et les symphonies qui précèdent les actes. Les deux chanteurs possèdent tous deux une excellente diction, mise à l'épreuve par les outrances auxquelles ils se livrent avec talent et sans exagérations vulgaires. Celles-ci sont laissées aux voix contrefaites des marionnettistes, qui font preuve à cette occasion d'une vis comica indéniable. Pour notre part nous avons particulièrement apprécié le timbre cuivré et le bel abattage de Marie Lenormand, ainsi que le timbre très naturel de Philippe-Nicolas Martin, à l'aise dans les graves comme dans les passages plus légers. Remercions donc Jean-Philippe Desrousseaux et Benoït Dratwicki d'avoir reconstitué pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles ce fragment du théâtre lyrique populaire français au XVIIIème siècle, qui a contribué tout autant que l'Académie Royale à la renommée des compositeurs lyriques de cette période.
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