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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival "Monteverdi – Piazzolla" La Cappella Mediterranea dir. Leonardo García Alarcón
Sylvia Gerbi & Javier Castello © 2009 CCR Ambronay - Bertrand Pechène Concert Monteverdi – Piazzolla “Angel y Demonio”
Oeuvres de Claudio Monteverdi (1567 – 1643) & Astor Píazzolla (1921 - 1992)
Capucine Keller – Soprano Diego Valentín Flores – Baryton
Sylvia Gerbi & Javier Castello – Danse William Sabatier – Bandonéon
La Cappella Mediterranea Direction Leonardo García Alarcón
23 Mai 2011, Cité des Congrès de Nantes "Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ?" (II, 9) Milongas Atlantiques.
“Y yo me hice tango, Porque el tango es macho, Porque el tango es fuerte, Tiene olor a vida, Tiene gusto a muerte.”
“Et je me suis fait tango Parce que le tango est mâle, Parce que le tango est fort, Il a l'odeur de la vie, Il a le goût de la mort.”
Celedonio Flores, “Porqué canto así.” Souvent citée comme l'exemple même du genre, les paroles et le titre de la célèbre Cumparsita demeurent méconnus. Et pourtant le paradoxe du tango y est défini. Entre la mélancolie, le désenchantement le plus profond et l'amour le plus vif, la vie et la mort, les valeurs mêmes de l'existence humaine. Dans un très intéressant parallélisme, le baroque et notamment la musique de Monteverdi portent la même passion et le même discours. Si bien l'orgue positif et le bandonéon ne semblent aucunement en relation directe tout comme le cornet à bouquin ou le piano, les racines de l'Argentine sont ancrées encore au cœur du soleil du Mezzogiorno. Le soleil de Naples brille dans les lampions nocturnes des “cafetines” de l'avenue Corrientes. Pari réussi pour la Cappella Mediterranea et Leonardo García Alarcón, en rapprochant Monteverdi de Piazzolla, en permettant au nostalgique bandonéon de hanter le continuo ou bien de rendre au XXème siècle la voix perchée du cornet à bouquin. La nuit complice d'un voyage entre la vie, l'amour et la mort, sublimée par le tango et les monteverdismes s'est petit à petit parfumée des fleurs empoisonnées de la passion. Du troublant "Dormo ancora" du Ritorno d'Ulisse à l'apothéose sublime et abyssale de la "Balada para mi muerte", la nuit du 23 mai s'est ponctuée d'astres obscurs comme la semence de perles sur un foulard de soie. Ouvrant le concert, le baryton Diego Valentin Flores fort de sa voix cuivrée et limpide dans la restitution du texte, nous offre des tangos spectaculaires dont les terriblement beaux "Vuelvo al Sur, Balada para un loco" et "Jacinto Chiclana". Son approche de Monteverdi est tout aussi réussie, malgré quelques faiblesses dans le "Sol per te bella Euridice" issu de l'Orfeo. Quoi qu'il en soit, il a épousé sans hésitation l'héritage dramatique de Julio Sosa et la ligne vocale, agile et solide d'un Mariano Mores.
Leonardo García Alarcón © 2009 CCR Ambronay - Bertrand Pechène Sa magnifique partenaire Capucine Keller a éveillé au sein de la salle les soupirs et les émotions notamment avec son "Ohimè, ch'io cado" aux accents faussement enjoués. Son Lamento della ninfa nous ravit par sa justesse du ton, la précision de sa restitution dramatique et l'envol de son émotion. Nous saluons vivement sa présence scénique avec aplomb, enthousiasme et magnétisme. À la tête de quelques solistes de la Cappella Mediterranea passionnante de cohésion, de partage et de couleurs, Leonardo García Alarcón dirige depuis la “plateforme clavier” et mène rondement la danse de Sylvia Gerbi et Javier Castello, illustrant à la perfection les prismes émotionnels du tango et la pulsation profonde de Monteverdi. D'autres disent souvent que Astor Piazzolla a toujours cherché à s'extraire du tango, et pourquoi pas déclarer que Monteverdi à toujours cherché à sortir du religieux. Cependant, dans cette chaude nuit de mai, aussi claire que l'océan paisible du printemps, la communion de Piazzolla et de Monteverdi est totale, ils ne sont pas sortis d'eux mêmes, ils ont ressuscité dans le souffle même des spectateurs, dans leurs chairs, dans leurs sens, dans la vie.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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